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Citationes

« Un monde gagné pour la Technique est perdu pour la Liberté. »

— Georges Bernanos, La France contre les robots (1947), éd. Le Castor astral, coll. « Galaxie », 2017 (ISBN 9791027801145), p. 21


« On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure. »

— Georges Bernanos, La France contre les robots (1947), éd. Le Castor astral, coll. « Galaxie », 2017 (ISBN 9791027801145), p. 83


« Une civilisation ne s’écroule pas comme un édifice ; on dirait beaucoup plus exactement qu’elle se vide peu à peu de sa substance, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que l’écorce. On pourrait dire plus exactement encore qu’une civilisation disparaît avec l’espèce d’homme, le type d’humanité, sorti d’elle. L’homme de notre civilisation de la civilisation française — qui fut l’expression la plus vive et la plus nuancée, la plus hellénique, de la civilisation européenne, a disparu pratiquement de la scène de l’Histoire [...]. »

— Georges Bernanos, La France contre les robots (1947), éd. Le Castor astral, coll. « Galaxie », 2017 (ISBN 9791027801145), p. 39


« [...] car l’État technique n’aura demain qu’un seul ennemi : "l’homme qui ne fait pas comme tout le monde" — ou encore : "l’homme qui a du temps à perdre" — ou plus simplement si vous voulez : "l’homme qui croit à autre chose qu’à la Technique". »

— Georges Bernanos, La France contre les robots (1947), éd. Le Castor astral, coll. « Galaxie », 2017 (ISBN 9791027801145), p. 114-115


« La civilisation française, héritière de la civilisation hellénique, a travaillé pendant des siècles pour former des hommes libres, c'est-à-dire pleinement responsables de leurs actes : La France refuse d'entrer dans le paradis des robots. »

— Georges Bernanos, La France contre les robots (1947), éd. Le Castor astral, coll. « Galaxie », 2017 (ISBN 9791027801145), p. 127


« [...] le sacrifice de l'Homme à l'Humanité, de l'Humanité au Progrès, pour aboutir ridiculement au sacrifice du progrès lui-même à la dictature de l'Économique, tel fut le crime auquel restera toujours attaché le mot de la Démocratie, forme bourgeoise de la Révolution. »

— Georges Bernanos, La France contre les robots (1947), éd. Le Castor astral, coll. « Galaxie », 2017 (ISBN 9791027801145), « La France dans le monde de demain » (novembre 1944), p. 164


« Un idiot devrait comprendre que le suffrage universel doit devenir rapidement, sous un Régime Capitaliste, un trust comme les autres, et dans un Régime socialiste à tendances totalitaires, un instrument de puissance au service de l'État — ce qu'il était d'ailleurs en Allemagne. Car c'est le plébiscite qui a fait Hitler, Hitler est sorti des entrailles du peuple, les peuples aussi font des monstres, il n'y a même qu'eux, sans doute, qui soient capables d'en faire. Me permettra-t-on une remarque à ce sujet, même si elle risque de n'être comprise par personne ? L'égalité prolétarise les peuples, les peuples deviennent des masses, et les masses donneront toujours des tyrans, car le tyran est toujours l'expression de la masse, sa sublimation. »

— Georges Bernanos, La France contre les robots (1947), éd. Le Castor astral, coll. « Galaxie », 2017 (ISBN 9791027801145), « La France dans le monde de demain » (novembre 1944), p. 167


« Il ne s’agit pas d’édifier à grand-peine des institutions libérales, il s’agit d’avoir encore des hommes libres à mettre dedans. »

— Georges Bernanos, La France contre les robots (1947), éd. Le Castor astral, coll. « Galaxie », 2017 (ISBN 9791027801145), « La France dans le monde de demain » (novembre 1944), p. 171


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« Tous les dictateurs, à toutes les époques de l'Histoire, ont invoqué la justice sociale, c'est toujours au nom de l'égalité qu'on a étranglé la Liberté, il ne peut y avoir d'égalité que sous un maître absolu. »

— Georges Bernanos, La France contre les robots (1947), éd. Le Castor astral, coll. « Galaxie », 2017 (ISBN 9791027801145), « Conférence aux étudiants brésiliens » (22 décembre 1944), p. 171


« J’affirme une fois de plus que l’avilissement de l’homme se marque à ce signe que les idées ne sont plus pour lui que des formules abstraites et conventionnelles, une espèce d’algèbre, comme si le Verbe ne se faisait plus chair, comme si l’Humanité reprenait, en sens inverse, le chemin de l’Incarnation. »

— Georges Bernanos, La France contre les robots (1947), éd. Le Castor astral, coll. « Galaxie », 2017 (ISBN 9791027801145), p. 98


« Dans la lutte plus ou moins sournoise contre la vie intérieure, la Civilisation des Machines ne s’inspire, directement du moins, d’aucun plan idéologique, elle défend son principe essentiel, qui est celui de la primauté de l’action. La liberté d’action ne lui inspire aucune crainte, c’est la liberté de penser qu’elle redoute. Elle encourage volontiers tout ce qui agit, tout ce qui bouge, non sans raison, que ce que nous donnons à la vie intérieure est perdu pour la communauté. Lorsque l’idée du salut a une signification spirituelle, on peut justifier l’existence des contemplatifs — c’est ce que fait l’Église au nom de la réversibilité des mérites et de la Communion des Saints. Mais dès qu’on a fait descendre du ciel sur la terre l’idée du salut, si le salut de l’homme est ici-bas, dans la domination chaque jour plus efficiente de toutes les ressources de la planète, la vie contemplative est une fuite ou un refus. Pour employer une autre expression de l’avant-dernière guerre, dans la Civilisation des Machines tout contemplatif est un embusqué. »

— Georges Bernanos, La France contre les robots (1947), éd. Le Castor astral, coll. « Galaxie », 2017 (ISBN 9791027801145), p. 121


« Certes, nous sommes encore tenus à de grands ménagements envers ce qu’on appelle l’ordre social, reprit-il sur un ton de confidence, mais que pouvons-nous désormais en sa faveur, je vous le demande ? Nous ne sommes pas des gendarmes, et notre rôle n’est que de justifier la misère aussi longtemps que la misère peut l’être. Aucune ne nous fait peur et nous avons remède à toutes, une seule exceptée, la vôtre. Je veux dire celle que vous avez inventée. Oui, monsieur, libre à vous d’instaurer un ordre d’où Dieu soit exclu, mais vous avez ainsi dénoncé le pacte. Oh ! sans doute l’antique alliance ne sera pas rompue en un jour, l’Église tient à la société, même déchue, par trop de liens ! L’heure viendra cependant où, dans un monde organisé pour le désespoir, prêcher l’espérance équivaudra tout juste à jeter un charbon enflammé au milieu d’un baril de poudre. Alors... »

— Georges Bernanos, « Monsieur Ouine (1943) », dans Œuvres romanesques, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1961, p. 1510


« Pour reprendre l’expression qui vous a surpris tout à l’heure, on ne peut nier que Dieu se soit fait petit depuis longtemps, très petit. D’où l’on conclut qu’il se fera petit demain comme hier, plus petit, de plus en plus petit. Rien, cependant, ne nous oblige à le croire. »

— Georges Bernanos, « Monsieur Ouine (1943) », dans Œuvres romanesques, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1961, p. 1508


« L’heure vient où sur les ruines de ce qui reste encore de l’ancien ordre chrétien, le nouvel ordre va naître qui sera réellement l’ordre du monde, l’ordre du Prince de ce Monde, du prince dont le royaume est de ce Monde. Alors, sous la dure loi de la nécessité plus forte que toute illusion, l’orgueil de l’homme d’Église, entretenu si longtemps par de simples conventions survivant aux croyances, aura perdu jusqu’à son objet. Et le pas des mendiants fera de nouveau trembler la terre. »

— Georges Bernanos, « Monsieur Ouine (1943) », dans Œuvres romanesques, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1961, p. 1494-1495


« La haine du prêtre est un des sentiments les plus profonds de l’homme, il en est aussi l’un des moins connus. Qu’il soit aussi vieux que l’espèce elle-même, nul n’en doute, mais notre âge l’a élevé à un degré presque prodigieux de raffinement et d’excellence. C’est que l’abaissement ou la disparition des autres puissances a fait du prêtre, pourtant si étroitement mêlé en apparence à la vie sociale, un être plus particulier, plus inclassable qu’aucun des vieillards magiques que l’ancien monde tenait enfermés au fond des temples, ainsi que des animaux sacrés, dans la seule familiarité des dieux. »

— Georges Bernanos, « Monsieur Ouine (1943) », dans Œuvres romanesques, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1961, p. 1494


« L’enfance est le sel de la terre. Qu’elle s’affadisse, et le monde ne sera bientôt que pourriture et gangrène. Pourriture et gangrène, reprit-il d’une voix haute et forte. »

— Georges Bernanos, « Monsieur Ouine (1943) », dans Œuvres romanesques, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1961, p. 1492


« Le diable, qui peut tant de choses, n’arrivera pas à fonder son église, une église qui mette en commun les mérites de l’enfer, qui mette en commun le péché. D’ici la fin du monde, il faudra que le pécheur pèche seul, toujours seul – nous pécherons seuls, comme on meurt. Le diable, voyez-vous, c’est l’ami qui ne reste jamais jusqu’au bout... »

— Georges Bernanos, « Monsieur Ouine (1943) », dans Œuvres romanesques, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1961, p. 1490


« La dernière disgrâce de l’homme, fit-il, est que le mal lui-même l’ennuie. »

— Georges Bernanos, « Monsieur Ouine (1943) », dans Œuvres romanesques, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1961, p. 1469


« Que d’hommes qui crurent aussi en avoir fini pour toujours des entreprises de l’âme, s’éveillèrent entre les bras de leur ange, ayant reçu au seuil de l’enfer ce don sacré des larmes, ainsi qu’une nouvelle enfance ! »

— Georges Bernanos, « L'Imposture (1927) », dans Œuvres romanesques, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1961, p. 380


« [...] la civilisation européenne s’écroule et on ne la remplace par rien, voilà la vérité. À la place de ces immenses épargnes accumulées de civilisation, d’humanité, de spiritualité, de sainteté, on offre de déposer un chèque sans provision, signé d’un nom inconnu, puisqu’il est celui d’une créature encore à venir. Nous refusons de rendre l’Europe. Et d’ailleurs, on ne nous demande pas de la rendre, on nous demande de la liquider. Nous refusons de liquider l’Europe. Le temps de liquider l’Europe n’est pas venu, s’il doit jamais venir. Il est vrai que le déclin de l’Europe ne date pas d’hier, nous le savons. Nous savons aussi que le déclin de l’Europe a marqué le déclin de la civilisation universelle. L’Europe a décliné dans le moment où elle a douté d’elle-même, de sa vocation et de son droit. »

— Georges Bernanos, « Conférence du 12 septembre 1946 à Genève », dans Rencontres internationales de Genève, Tome 1, 1946 : L'esprit européen, éd. Les Éditions de la Baconnière, coll. « Histoire et société d'aujourd'hui », 1947, p. 280


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« La colère des imbéciles remplit le monde. »

— Georges Bernanos, Les Grands Cimetières sous la lune (1938), éd. Librairie Plon, coll. « Points », 1938, p. 17


« Le monde moderne n'a pas le temps d'espérer, ni d'aimer, ni de rêver. »

— Georges Bernanos, Les Enfants humiliés (1949), éd. Gallimard, 1949, p. 251


« Ce qui m'épouvante — Dieu veuille que je puisse vous faire partager mon épouvante ! — ce n'est pas que le monde moderne détruise tout, c'est qu'il ne s'enrichisse nullement de ce qu'il détruit. En détruisant, il se consomme. Cette civilisation est une civilisation de consommation, qui durera aussi longtemps qu'il y aura quelque chose à consommer. Oh ! je sais qu'il vous en coûte de la tenir pour telle alors que son unique loi paraît être, précisément, la production, et même la production à outrance, la production sans mesure.

Mais cette production monstrueuse, ce gigantisme de la production, est précisément le signe du désordre auquel, tôt ou tard, elle ne peut manquer de succomber.

En détruisant, elle se consomme. En produisant, elle se détruit.

La civilisation mécanique et concentrationnaire produit des marchandises et dévore les hommes. On ne saurait fixer de limites à la production des marchandises.

La civilisation mécanique ne s'arrêtera de produire des marchandises que dans le moment qu'elle aura dévoré les hommes. Elle les aura dévorés dans les guerres, en masses énormes et par monceaux, mais elle les aura aussi dévorés un par un, elle les aura vidés un par un de leur moelle, de leur âme, de la substance spirituelle qui les faisait hommes.

Et ce serait aussi folie, je le vois maintenant, de la croire capable de rendre un jour heureux, dans un monde fait pour eux, ces hommes déshumanisés. Elle les détruira en périssant elle-même, ils périront avec elle, si de tels hommes peuvent encore prétendre au droit et à l'honneur de mourir. »

— Georges Bernanos, « La Liberté pour quoi faire ?, « L’esprit européen et le monde des machines » (septembre 1946) », dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 1366


« [...] les dictateurs ne se présentent plus à leur peuple le fouet au poing, ils lui disent : Nous n’en voulons à rien qui te soit réellement utile, nous n’en voulons qu’à ton âme. Consens à nous, comme tu consens aux autres nécessités de la vie ; ne discute pas notre droit, laisse-nous juger à ta place du bien et du mal. Donne-nous ton âme une fois pour toutes, et tu t’apercevras bien vite qu’il ne t’en a coûté qu’un sacrifice d’amour-propre, qu’elle t’était une charge au-dessus de tes forces, un luxe ruineux. Renie ton âme, et, dispensé ainsi de te gouverner, nous t’administrerons comme un capital, nous ferons de toi un matériel si efficace, que rien ne pourra y résister. Les hommes sans conscience, groupés en colonies comparables à celles des termites, auront facilement raison des autres. La Bête humaine, industrieuse et sagace, soigneusement sélectionnée, selon les meilleures méthodes, ne fera qu’une bouchée du pauvre rêveur qu’on appelait autrefois l’homme moral, assez sot pour payer d’épreuves sans nombre la vaine gloire de se distinguer des animaux par d’autres qualités qu’une ruse et une cruauté supérieures. Toutes les richesses de la terre appartiennent d’avance à ceux qui se seront engagés les premiers dans la nouvelle voie, qui auront les premiers renié leurs âmes [...]. »

— Georges Bernanos, Lettres aux Anglais (1947), éd. Gallimard, coll. « Point », 1946, p. 145-146


« La prière est, en somme, la seule révolte qui se tienne debout. »

— Georges Bernanos, « Les Grands Cimetières sous la lune », dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1971, t. I, p. 364


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