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Citationes

« L'Histoire est une conspiration permanente contre la vérité. »

"False opinions are like false money, struck first of all by guilty men and thereafter circulated by honest people who perpetuate the crime without knowing what they are doing."

« Mais les fausses opinions ressemblent à la fausse monnaie qui est frappée d'abord par de grands coupables, et dépensée ensuite par d'honnêtes gens qui perpétuent le crime sans savoir ce qu'ils font. »
  • Joseph de Maistre, Les soirées de Saint-Pétersbourg (1821), éd. Saint-Remi, 2006 (ISBN 9782845196261), chap. I, p. 27

« Ce qu’on croit vrai, il faut le dire et le dire hardiment ; je voudrais, m’en coûtât-il grand-chose, découvrir une vérité pour choquer tout le genre humain : je la lui dirais à brûle-pourpoint. »

« Mais qu'est-ce qu'une nation ? mon cher ami. C'est le souverain et l'aristocratie. Il faut peser les voix et non les compter. Je ne sais combien tu as de domestiques, mais quand tu en aurais cinquante, je prendrais la liberté d'estimer leurs voix réunies un peu moins que la tienne. Tu me dis un grand mot en me disant : Je sais qu'ils ont des amis dans la haute classe ; mais c'est précisément dans les hautes classes que résident les principes conservateurs et les véritables maximes d'État. »

  • Joseph de Maistre, Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre, précédés d'une Notice biographique par son fils le comte Rodolphe de Maistre, vol. 1, Lettre à M. Le Chevalier de Saint-Réal, 22 décembre 1816 (3 janvier 1817), éd. A. Vaton, 1851, p. 404

« Mais de tous les monarques, le plus dur, le plus despotique, le plus intolérable, c'est le monarque peuple. »

  • Joseph de Maistre, De la souveraineté du peuple : un anti-contrat social, Étude sur la souveraineté (1794), texte établi par Jean-Louis Darcel, éd. Presses universitaires de France, coll. Questions, 1992 (ISBN 9782130442172), p. 245

« Le peuple est souverain, dit-on ; et de qui ? — De lui-même apparemment. Le peuple est donc sujet. Il y a sûrement ici quelque équivoque s’il n’y a pas une erreur, car le peuple qui commande n’est pas le peuple qui obéit. Il suffit donc d’énoncer la proposition générale : le peuple est souverain, pour sentir qu’elle a besoin d’un commentaire. »

  • Joseph de Maistre, De la souveraineté du peuple : un anti-contrat social, Étude sur la souveraineté (1794), texte établi par Jean-Louis Darcel, éd. Presses universitaires de France, coll. Questions, 1992 (ISBN 9782130442172), p. 91

« L'homme n'existe que pour la société et la société ne le forme que pour elle. »

« Dans le vaste domaine de la nature vivante, il règne une violence manifeste, une espèce de rage prescrite qui arme tous les êtres in mutua funera : dès que vous sortez du règne insensible, vous trouvez le décret de la mort violente écrit sur les frontières mêmes de la vie. [...] Il n’y a pas un instant de la durée où l’être vivant ne soit dévoré par un autre. Au-dessus de ces nombreuses races d’animaux est placé l’homme, dont la main destructrice n’épargne rien de ce qui vit ; il tue pour se nourrir, il tue pour se vêtir, il tue pour se parer, il tue pour attaquer, il tue pour se défendre, il tue pour s’instruire, il tue pour s’amuser, il tue pour tuer : roi superbe et terrible, il a besoin de tout, et rien ne lui résiste. [...] Mais cette loi s’arrête-t-elle à l’homme ? Non sans doute. Cependant quel être exterminera celui qui les exterminera tous ? Lui. C’est l’homme qui est chargé d’égorger l’homme. Mais comment pourra-t-il accomplir la loi, lui qui est un être moral et miséricordieux : lui qui est né pour aimer ; lui qui pleure sur les autres comme sur lui-même ; qui trouve du plaisir à pleurer, et qui finit par inventer des fictions pour se faire pleurer […] C’est la guerre qui accomplira le décret. [...] Ainsi s’accomplit sans cesse, depuis le ciron jusqu’à l’homme, la grande loi de la destruction violente des êtres vivants. La terre entière, continuellement imbibée de sang, n’est qu’un autel immense où tout ce qui vit doit être immolé sans fin, sans mesure, sans relâche, jusqu’à la consommation des choses, jusqu’à l’extinction du mal, jusqu’à la mort de la mort. »

« La guerre est donc divine en elle-même, puisque c'est une loi du monde. [...]

La guerre est divine dans la gloire mystérieuse qui l'environne, et dans l'attrait non moins inexplicable qui nous y porte.

La guerre est divine dans la protection accordée aux grands capitaines, même aux plus hasardeux, qui sont rarement frappés dans les combats, et seulement lorsque leur renommée ne peut plus s'accroître et que leur mission est remplie. »

  • Joseph de Maistre, Du pape et extraits d'autres œuvres, Textes de Joseph de Maistre présentés et choisis par Emil Cioran, éd. J.-J. Pauvert, coll. Libertés, 1957, septième entretien, p. 83-84

« [...] jamais le christianisme, si vous y regardez de près, ne vous paraîtra plus sublime, plus digne de Dieu, et plus fait pour l'homme qu'à la guerre. »

  • Joseph de Maistre, Les soirées de Saint-Pétersbourg (1821), Éditions Saint-Remi, 2006, (ISBN 9782845196261), chap. VII, p. 275

« Nul ne sait ce que c'est que la guerre s'il n'y a pas son fils. »

« C'est l'imagination qui perd les batailles. »

  • Joseph de Maistre, Les soirées de Saint-Pétersbourg (1821), éd. Saint-Remi, 2006 (ISBN 9782845196261), chap. VII, p. 283

« [...] le glaive de la justice n'a point de fourreau ; toujours il doit menacer ou frapper. »

  • Joseph de Maistre, Les soirées de Saint-Pétersbourg (1821), éd. Saint-Remi, 2006 (ISBN 9782845196261), chap. I, p. 35

« Nous flétrissons celui qui vole un centime dans la poche de son ami ; s'il ne lui prend que sa femme, ce n'est rien. Tous les crimes brillants qui supposent un développement de qualités grandes ou aimables ; tous ceux surtout qui sont honorés par le succès, nous les pardonnons, si même nous n'en faisons pas des vertus ; tandis que les qualités brillantes qui environnent le coupable, le noircissent aux yeux de la véritable justice, pour qui le plus grand crime est l'abus de ses dons. »

  • Joseph de Maistre, Considérations sur la France (1796), éd. Complexe, coll. Historiques, 2006 (ISBN 9782804801137), p. 24

"All grandeur, all power, all subordination to authority rests on the executioner: he is the horror and the bond of human association. Remove this incomprehensible agent from the world and at that very moment order gives way to chaos, thrones topple and society disappears."

  • Joseph de Maistre, The Works of Joseph de Maistre, ed. Jack Lively (1965). The Count, in Les Soirées de Saint-Pétersbourg, "First Dialogue," (1821)

« La constitution de 1795, tout comme ses aînées, est faite pour l'homme. Or, il n'y a point d'homme dans le monde. J'ai vu, dans ma vie, des Français, des Italiens, des Russes, etc. ; je sais même, grâce à Montesquieu, qu'on peut être Persan : mais quant à l'homme, je déclare ne l'avoir rencontré de ma vie ; s'il existe, c'est bien à mon insu. [...] une constitution qui est faite pour toutes les nations, n'est faite pour aucune : c'est une pure abstraction, une œuvre scolastique faite pour exercer l'esprit d'après une hypothèse idéale, et qu'il faut adresser à l'homme, dans les espaces imaginaires où il habite. »

  • Joseph de Maistre, Considérations sur la France (1796), éd. Complexe, coll. Historiques, 2006 (ISBN 9782804801137), p. 87

« Plus on écrit et plus l'institution est faible, la raison en est claire. Les lois ne sont que des déclarations de droits, et les droits ne sont déclarés que lorsqu'ils sont attaqués ; en sorte que la multiplicité des lois constitutionnelles écrites ne prouve que la multiplicité des chocs et le danger d'une destruction.

Voilà pourquoi l'institution la plus vigoureuse de l'antiquité profane fut celle de Lacédémone, où l'on n'écrivit rien. »

  • Joseph de Maistre, Considérations sur la France (1796), éd. Complexe, coll. Historiques, 2006 (ISBN 9782804801137), p. 82

« Le peuple le mieux constitué est celui qui a le moins écrit de lois constitutionnelles ; et toute constitution écrite est NULLE. »

  • Joseph de Maistre, Les soirées de Saint-Pétersbourg (1821), éd. Saint-Remi, 2006 (ISBN 9782845196261), chap. IX, p. 335

« Il y a dans la révolution française un caractère satanique qui la distingue de tout ce qu'on a vu et peut-être de tout ce qu'on verra. [...] Il n'y a plus de prêtres, on les a chassés, égorgés, avilis; on les a dépouillés. Et ceux qui ont échappé à la guillotine, aux buchers, aux poignards, aux fusillades, aux noyades, à la déportation, reçoivent aujourd'hui l'aumône qu'ils donnaient jadis. Les autels sont renversés, on a promené dans les rues des animaux immondes sous des vêtements des pontifes. Les coupes sacrées ont servi à d'abominables orgies. Et sur ces autels que la foi antique environne de chérubins éblouis, on a fait monter des prostituées nues. »

  • Joseph de Maistre, Considérations sur la France (1796), éd. Complexe, coll. Historiques, 2006 (ISBN 9782804801137)

« On ne saurait trop le répéter, ce ne sont point les hommes qui mènent la révolution ; c'est la révolution qui emploie les hommes. »

  • Joseph de Maistre, Considérations sur la France (1796), éd. Complexe, coll. Historiques, 2006 (ISBN 9782804801137), p. 21

"The Counter-Revolution will not be a reverse revolution, but the reverse of a Revolution."

« La Contre-Révolution ne sera pas une révolution contraire, mais le contraire de la Révolution. »
  • Joseph de Maistre, Considérations sur la France (1796), éd. Complexe, coll. Historiques, 2006 (ISBN 9782804801137)

« Que si l'on veut savoir le résultat probable de la Révolution française, il suffit d'examiner à quoi toutes les factions se sont réunies ; toutes ont voulu l'avilissement, la destruction même du Christianisme universel et de la Monarchie ; d'où il suit que tous leurs efforts n'aboutiront qu'à l'exaltation du Christianisme et de la Monarchie. »

  • Joseph de Maistre, Du pape et extraits d'autres œuvres, Textes de Joseph de Maistre présentés et choisis par Emil Cioran, éd. J.-J. Pauvert, coll. Libertés, 1957, chap. IX, p. 200

« Il est infiniment probable que la franc-maçonnerie de France a servi à la Révolution ; non point, à ce que je pense, comme franc-maçonnerie, mais comme association de clubs. Les quatre cinquièmes des gens qui les composaient étaient des révolutionnaires. Ils se trouvaient rassemblés. Leur Chef était à la tête de la Révolution; il est assez naturel qu'il se soit servi de cette association pour favoriser ses vues, et que les loges françaises se soient converties en clubs. »

  • Joseph de Maistre, Franc-maçonnerie Et Révolution française, 30 avril 1793, Journal

« Il n’y a pas d’homme d’esprit en France qui ne se méprise plus ou moins. L’ignominie nationale pèse sur tous les coeurs (car jamais le peuple ne fut méprisé par des maîtres plus méprisables) ; on a donc besoin de se consoler, et les bons citoyens le font à leur manière. Mais l’homme vil et corrompu, étranger à toutes les idées élevées, se venge de son abjection passée et présente, en contemplant, avec cette volupté ineffable qui n’est connue que de la bassesse, le spectacle de la grandeur humiliée. »

  • Joseph de Maistre, Considérations sur la France (1796), éd. Complexe, coll. Historiques, 2006 (ISBN 9782804801137)

« L’ange exterminateur tourne comme le soleil autour de ce malheureux globe, et ne laisse respirer une nation que pour en frapper d’autres. »

« Si l’on avait des tables de massacres comme on a des tables de météorologie, qui sait si on n’en découvrirait pas la loi au bout de quelques siècles d’observation ? »

« [...] le sang innocent couvrant les échafauds, des hommes frisant et poudrant des têtes sanglantes, et la bouche même des femmes souillée de sang humain. »

« La révolution est debout sans doute, et non seulement elle est debout, mais elle marche, elle court, elle rue - rangez-vous Messieurs et Mesdames. La seule différence que j'aperçois entre cette époque et celle du grand Robespierre, c'est qu'alors les têtes tombaient et qu'aujourd'hui elle tournent. »

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« Ce qui distingue la Révolution française et ce qui en fait un événement unique dans l'histoire, c'est qu'elle est mauvaise radicalement, aucun élément de bien n'y soulage l'œil de l'observateur. C'est le plus haut degré de corruption, comme c'est la pure impureté. »

  • Joseph de Maistre, Considérations sur la France (1796), éd. Complexe, coll. Historiques, 2006 (ISBN 9782804801137)

"Every country has the government it deserves."

  • Joseph de Maistre, Letter 76, on the topic of Russia's new constitutional laws (27 August 1811); published in Lettres et Opuscules'
« Toute nation a le gouvernement qu'elle mérite. »
  • Joseph de Maistre, Correspondance diplomatique, Albert Blanc (éd.), éd. Michel Lévy, 1861, t. 2, XLV, Saint-Petersbourg, 18/30 avril 1816, p. 196

« [...] toute dégradation individuelle ou nationale est sur-le-champ annoncée par une dégradation rigoureusement proportionnelle dans le langage. »

  • Joseph de Maistre, Les soirées de Saint-Pétersbourg (1821), éd. Saint-Remi, 2006 (ISBN 9782845196261), chap. II, p. 54

« Si l'on avait un dictionnaire des langues sauvages, on y trouverait des restes évidents d'une langue antérieure parlée par un peuple éclairé, et quand même nous ne les trouverions pas, il en résulterait seulement que la dégradation est arrivée au point d'effacer ces derniers restes. »

« Le christianisme a été prêché par des ignorants et cru par des savants, et c'est en quoi il ne ressemble à rien de connu. »

« La foi est une croyance par amour, et l’amour n’argumente pas. »

« L'empire est sacré, la religion est civile ; les deux puissances se confondent ; chacune emprunte de l'autre une partie de sa force, et, malgré les querelles qui ont divisé ces deux sœurs, elles ne peuvent vivre séparées. »

« Qu’est-ce qu’un protestant ? Quelqu’un qui n’est pas catholique. »

« Depuis l'époque de de la Réformation, il existe en Europe un esprit d'insurrection qui lutte d'une manière tantôt publique, tantôt secrète, mais toujours réelle, contre toutes les souverainetés et surtout contre toutes les monarchies. Le grand ennemi de l'Europe qu'il importe d'étouffer par tous les moyens qui ne sont pas des crimes, l'ulcère funeste qui s'attache à toutes les souverainetés et qui les ronge sans relâche ; le fils de l'orgueil, le père de l'anarchie, le dissolvant universel, c'est le protestantisme. Qu'est-ce que le protestantisme ? C'est l'insurrection de la raison individuelle contre la raison [intellect] générale [...]. »

« Le principe fondamental de cette religion [le christianisme], l'axiome primitif sur lequel elle reposait dans tout l'univers avant les novateurs du XVIème siècle, c'était l'infaillibilité de l'enseignement d’où résulte le respect aveugle pour l'autorité, l'abnégation de tout raisonnement individuel, et par conséquent l'universalité de croyance. Or ces novateurs sapèrent cette base : ils substituèrent le jugement particulier au jugement catholique ; ils substituèrent follement l'autorité exclusive d'un livre à celle du ministère enseignant plus ancien que le livre et chargé de nous l'expliquer - un livre, séparé de l'autorité qui l'explique, n'est rien. De là vient le caractère particulier de l'hérésie du XVIème siècle. Elle n'est point seulement une hérésie religieuse, mais une hérésie civile, parce qu'en affranchissant le peuple du joug de l'obéissance et lui accordant la souveraineté religieuse, elle déchaîne l'orgueil général contre l'autorité, et met la discussion à la place de l'obéissance. »

« Ainsi, dans la lutte terrible du XVIème siècle, c'était d'un côté la rébellion qui attaquait et de l'autre la souveraineté qui se défendait. [...] Or, dans tous les cas de rébellion, les excès même de la puissance qui se défend sont à la charge du rebelle. L'humanité en corps a droit de reprocher la Saint Barthélemi au protestantisme, car pour l'éviter, il n'y avait qu'à pas se révolter. Toute puissance même spirituelle ne pouvant être exercée sur la terre que par des hommes, si la Souveraineté est attaquée, il est impossible que l'homme ne se montre pas, et qu'elle se défende comme un être purement raisonnable et impassible. Si elle excède les bornes d'une légitime défense, son ennemi n'a pas droit de s'en plaindre. Un protestant qui reproche la Saint Barthélemi à la Souveraineté française ressemble parfaitement à un Jacobin de notre siècle qui déclamerait contre l'inhumanité des Chouans. [...] Ces hommes qui ont sans cesse dans la bouche les mots de contrat social, de pacte primitif, de résistance légitime, etc. ; ces hommes qui permettraient une révolution pour abolir la dîme ou les droits féodaux, soutiennent l'obéissance passive lorsqu'il s'agit du plus grand et du plus précieux de tous les droits. »

« Il était aisé de prévoir que l'abolition du catholicisme menait droit à celle du christianisme, et que le système des Réformateurs en dernière analyse se réduisait à la singulière prétention de vouloir tout à la fois maintenir les lois d'un empire et renverser le pouvoir qui les fait exécuter. »

« Louis XIV foula au pied le protestantisme et il mourut dans son lit, brillant de gloire et chargé d'années. Louis XVI le caressa et il est mort sur l'échafaud. »

« La grande base du protestantisme étant le droit d'examiner, ce droit n'a point de limites ; il porte sur tout et ne peut recevoir de frein. [...] Or nul homme, et même nul corps, ne possédant, suivant cette secte, la souveraineté religieuse, il s'ensuit que l'homme ou le corps qui examine et rejette une opinion religieuse ne peut, sans une contradiction grossière, condamner l'homme ou le corps qui examine en examinerait ou en rejetterait d'autres. Donc, tous les dogmes seront examinés et, par une conséquence infaillible, rejetés plus tôt ou plus tard ; il n'y aura plus de croyance commune, plus de tribunal, plus de dogme régnant : c'est ce que veut Condorcet, et c'est ce que veulent ses semblables [...] Aussi, il n'y a pas de factieux, il n'y a pas d'ennemi de la religion et des lois qui n'ait vanté le protestantisme. Il n'y a pas de fauteurs de l'exécrable Révolution dont nous sommes les témoins qui n'ait vanté celle du XVIème siècle. »

« On ne s'exprime point exactement lorsque l'on dit que le protestantisme est, en général, favorable à la république ; il n'est favorable à aucun gouvernement : il les attaques tous ; mais comme la souveraineté n'existe pleinement que dans les monarchies, il déteste particulièrement cette forme de gouvernement, et il cherche les républiques où il a moins à ronger. Mais, là comme ailleurs, il fatigue les souveraineté et ne peut supporter le joug social. Il est républicain dans les monarchies et anarchiste dans les républiques. L'union constitutionnelle du sceptre et de la crosse le fait rugir. Il sait bien qu'il ne peut les briser qu'en les séparant, ce à quoi il travaille sans relâche. »

« Une intelligence céleste viendrait leur dicter des lois qu'ils protesteraient toujours : ce n'est pas cette autorité qui leur déplaît ; c'est l'autorité. »

« Les souverainetés n'ont de force, d'unité et de stabilité qu'en proportion qu'elles sont divinisés par la religion. Or le christianisme, c'est à dire le catholicisme, étant le ciment de toutes les souverainetés européennes, le protestantisme, en leur enlevant le catholicisme sans leur donner une autre foi, a miné la base de toutes celles qui ont eu le malheur d'embrasser la Réforme : en sorte que, plus tôt ou plus tard, il doit les laisser en l'air. Le mahométisme, même le paganisme auraient fait politiquement moins de mal, s'ils s'étaient substitués au christianisme avec leur espèce de dogmes et de foi. Car ce sont des religions, et le protestantisme n'en n'est point une. »

« Il est des mots qu'on répète souvent ; et, à force de les répéter, on s'habitue à croire qu'ils signifient quelque chose de réel ; et cependant il n'en n'est rien. De ce nombre est celui de protestant. Qu'est-ce qu'un protestant? Il semble d'abord qu'il est aisé de répondre ; mais si l'on réfléchit, on hésite. Est-ce un anglican, un luthérien, un calviniste, un zwinglien, un anabaptiste, un quaker, un méthodiste, un morave, etc. (je suis las). C'est tout cela, et ce n'est rien. Le protestant est un homme qui n'est pas catholique, en sorte que le protestantisme n'est qu'une négation. [...] Ainsi, le protestantisme est positivement, et au pied de la lettre, le sans-culottisme de la religion. L'un invoque la parole de Dieu ; l'autre, les droits de l'homme ; mais dans le fait c'est la même théorie, la même marche et le même résultat. Ces deux frères ont brisé la souveraineté pour la distribuer à la multitude. »

"Wherever an altar is found, there civilization exists."

  • Joseph de Maistre, St. Petersburg Dialogues (1821), McGill-Queen's University Press, 1993
« Partout où vous verrez un autel, là se trouve la civilisation. »
  • Joseph de Maistre, Les soirées de Saint-Pétersbourg (1821), éd. Saint-Remi, 2006 (ISBN 9782845196261), chap. II, p. 65

« Je ne vis plus qu'à demi. D'autres épines encore s'enfoncent dans mon coeur, mon esprit s'en ressent : de petit il est devenu nul, hic jacet ; mais je meurs avec l'Europe, je suis en bonne compagnie. »

  • Joseph de Maistre, Lettre au compte de Marcellus (9 août 1819), Œuvres complètes, t. XIV, éd. Vitte, 1884, p. 183

« [...] il n'y aurait rien de si infortuné qu'un homme qui n'aurait jamais éprouvé l'infortune : car jamais un tel homme ne pourrait être sûr de lui-même, ni savoir ce quil vaut. »

  • Joseph de Maistre, Les soirées de Saint-Pétersbourg (1821), éd. Saint-Remi, 2006 (ISBN 9782845196261), chap. VIII, p. 315

« La médiocrité refuse toujours d'admirer et souvent d'approuver. »

« Le mérite de la femme est de régler sa maison, de rendre son mari heureux, de le consoler, de l'encourager et d'élever ses enfants, c'est-à-dire de faire des hommes. Voilà le grand accouchement qui n'a pas été maudit comme l'autre. C'est sur leurs genoux que se forme ce qu'il y a de plus excellent dans le monde : un honnête homme et une honnête femme. »

« Qu'on rie de ces idées [les idées religieuses] ou qu'on les vénère, n'importe : elles ne forment pas moins (vraies ou fausses) la base unique de toutes les institutions durables. »

  • Joseph de Maistre, Considérations sur la France (1796), éd. Complexe, coll. Historiques, 2006 (ISBN 9782804801137), p. 70

Citationes de Joseph de Maistre

« De Maistre et Edgar Poe m'ont appris à raisonner. »

  • Charles Baudelaire, « Hygiène », dans Œuvres complètes (1980), éd. Robert Laffont, coll. Bouquins, 2004, p. 401

« Joseph de Maistre disait, il y a plus d’un siècle, que l’homme est trop méchant pour mériter d’être libre.

Ce Voyant était un contemporain de la Révolution dont il contemplait, en prophète, la grandiose horreur, et il lui parlait face à face.

Il mourut dans l’épouvante et le mépris de ce colloque, en prononçant l’oraison funèbre de l’Europe civilisée.

Il n’aurait donc rien de plus à dire aujourd’hui, et les finales porcheries de notre dernière enfance n’ajouteraient absolument rien à la terrifiante sécurité de son diagnostic. »

  • Léon Bloy, Le Désespéré (1887), rééd. Flammarion, 2010, p. 235

« Aussi réactionnaires qu'ils aient été sur un plan politique, des hommes tels que Coleridge, Bonald, de Maistre, Justus Möser ou Donoso Cortès ont fait preuve d'une compréhension de l'importance d'institutions à croissance spontanée telles que le langage, le droit, la morale et les coutumes qui anticipait des analyses scientifiques récentes et dont les libéraux auraient pu profiter. »

  • Friedrich von Hayek, « Pourquoi je ne suis pas un conservateur », extrait de la Constitution de la liberté (trad. française 1994)

Textus

Bibliographia

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