Différences entre les versions de « Le libéralisme de Hayek - Gilles Dostaler »

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Nous devrions en savoir assez long, pour éviter de détruire notre civilisation en étouffant le processus spontané de l’interaction des individus, en chargeant une quelconque autorité de le diriger. Mais pour ne pas tomber dans cette faute, nous devons rejeter l’illusion d’être capables de délibérément « créer l’avenir de l’humanité ». C’est en fait la compréhension de ses propres limites qui paraît être la tâche la plus difficile et la plus importante de la raison humaine.  
 
Nous devrions en savoir assez long, pour éviter de détruire notre civilisation en étouffant le processus spontané de l’interaction des individus, en chargeant une quelconque autorité de le diriger. Mais pour ne pas tomber dans cette faute, nous devons rejeter l’illusion d’être capables de délibérément « créer l’avenir de l’humanité ». C’est en fait la compréhension de ses propres limites qui paraît être la tâche la plus difficile et la plus importante de la raison humaine.  
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Version du 21 avril 2012 à 11:41


Extrait du livre de Gilles Dostaler, 2001, Le libéralisme de Hayek, La Découverte.


La société est un organisme dont le degré de complexité est plus élevé que celui de n’importe quel cerveau humain. Il est donc impossible pour l’esprit de donner une explication complète de sa nature et de son fonctionnement. C’est ce qui rend la planification socialiste impossible, et plus généralement tous les projets de reconstruction rationnelle des sociétés utopiques, depuis la Citée idéale de Platon jusqu’au communisme de Marx.

L’homme a tendance à attribuer à des forces surnaturelles ce qu’il n’a pas lui-même crée. Ou bien il en attribue la création a une raison dont il surestime les capacités. Tel est le chemin suivi par le rationalisme constructiviste, pour lequel le marché, la monnaie, le langage, le droit, la société entière sont des créations de la raison humaine : les erreurs du rationalisme sont étroitement liées au dualisme cartésien, c’est à dire à la conception d’une substance spirituelle existant à part, qui se tient hors du monde ordonné de la nature et qui a rendu l’homme, ainsi doté d’esprit dès le début, capable de façonner les institutions de la société et de la culture au sein desquelles il vit.

Telle est aussi la vision de Jean-Jacques Rousseau en vertu de laquelle la société est issue d’un contrat social (bien entendu contrat social, comme état de nature, sont au départ des constructions philosophiques). Cette conception s’est imposée facilement en France comme en Allemagne, mais elle en est venus à dominer la pensée sociale presque partout dans le monde. Elle implique que ce qui a été construit peut-être détruit et remplacé. Elle caractérisé la vision freudienne comme celle de Marx ou de Keynes. Elle constitue la principale menace pour la survie d’une civilisation qui est le résultat d’une évolution longue et complexe. Nous devrions en savoir assez long, pour éviter de détruire notre civilisation en étouffant le processus spontané de l’interaction des individus, en chargeant une quelconque autorité de le diriger. Mais pour ne pas tomber dans cette faute, nous devons rejeter l’illusion d’être capables de délibérément « créer l’avenir de l’humanité ». C’est en fait la compréhension de ses propres limites qui paraît être la tâche la plus difficile et la plus importante de la raison humaine.

Il existerait entre les deux ordres, artificiel et naturel, un troisième type d’ordre. Cet ordre qualifié de spontané est le résultat de l’action humaine sans être pour autant le fruit d’un dessein humain, donc sans avoir été conçu, voulu, planifié, construit par un individu ou un groupe d’individus en vue de servir des fins particulières. Cette idée se présente sous la forme du paradoxe de la transformation de vices privés en vertu publiques. Un ordre social peut naître de l’interaction de pulsions égoïstes, non coordonnées. Le marché et la monnaie sont des ordres spontanés. Ils n’ont pas été créés délibérément par des individus, des gouvernement ou des nations. Ils sont le fruit d’une longue évolution dans laquelle la volonté et la raison humaines n’ont rien à voir. Il en est de même de la morale, du droit, du langage. L’ordre spontané n’a pu être conceptualisé que dans une société sécularisée, ou en tout cas par des penseurs libérés des mythes religieux.

La société est un organisme dont le degré de complexité est plus élevé que celui de n’importe quel cerveau humain. Il est donc impossible pour l’esprit de donner une explication complète de sa nature et de son fonctionnement. C’est ce qui rend la planification socialiste impossible, et plus généralement tous les projets de reconstruction rationnelle des sociétés utopiques, depuis la Citée idéale de Platon jusqu’au communisme de Marx.

L’homme a tendance à attribuer à des forces surnaturelles ce qu’il na pas lui-même créé. Ou bien il en attribue la création à une raison dont il surestime les capacités. Tel est le chemin suivi par le rationalisme constructiviste, pour lequel le marché, la monnaie, le langage, le droit, la société entière sont des créations de la raison humaine : les erreurs du rationalisme constructiviste sont étroitement liées au dualisme cartésien, c’est à dire à la conception d’une substance spirituelle existant à part, qui se tient hors du monde ordonné de la nature et qui a rendu l’homme, ainsi doté d’esprit dès le début, capable de façonner les institutions de la société et de la culture au sein desquelles il vit. Telle est aussi la vision de Jean-Jacques Rousseau en vertu de laquelle la société est issue d’un contrat social (bien entendu, contrat social, comme état de nature, sont au départ des constructions philosophiques). Cette conception s’est imposée facilement en France comme en Allemagne, mais elle en est venus à dominer la pensée sociale presque partout dans le monde. Elle implique que ce qui a été construit peut être détruit et remplacé. Elle caractérise la vision freudienne comme celle de Marx ou de Keynes. Elle constitue la principale menace pour la survie d’une civilisation qui est le résultat d’une évolution longue et complexe.

Nous devrions en savoir assez long, pour éviter de détruire notre civilisation en étouffant le processus spontané de l’interaction des individus, en chargeant une quelconque autorité de le diriger. Mais pour ne pas tomber dans cette faute, nous devons rejeter l’illusion d’être capables de délibérément « créer l’avenir de l’humanité ». C’est en fait la compréhension de ses propres limites qui paraît être la tâche la plus difficile et la plus importante de la raison humaine.

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