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Citationes

« La racine de toutes les ténèbres modernes se trouve dans l’occultation de la différence entre théorie et praxis. »

  • Leo Strauss, cité par Terence Marshall in À la recherche de l’humanité. Science, poésie ou raison pratique dans la philosophie politique de Jean-Jacques Rousseau, Leo Strauss et James Madison, éd. Presses universitaires de France, 2009, p. 38

"In following this movement towards its end we shall inevitably reach a point beyond which the scene is darkened by the shadow of Hitler. Unfortunately, it does not go without saying that in our examination we must avoid the fallacy that in the last decades has frequently been used as a substitute for the reductio ad absurdum: the reductio ad Hitlerum. A view is not refuted by the fact that it happens to have been shared by Hitler."

  • Leo Strauss, Natural Right and History (1953), University of Chicago Press, 1953 (ISBN 9780226776941), Chapter II, p. 42
« Ce faisant, nous aurons à atteindre le seuil au-delà duquel l'ombre d'Hitler commence à obscurcir la scène. Et il n'est malheureusement pas inutile d'ajouter qu'au cours de notre examen nous devrons éviter l'erreur, si souvent commise ces dernières années, de substituer à la réduction ad absurdum la réduction ad Hitlerum. Qu'Hitler ait partagé une opinion ne suffit pas à la réfuter. »
  • Leo Strauss, Droit naturel et histoire (1953), éd. Flammarion, coll. Champs, 1986, p. 51

« La cité peut et doit exiger de ses citoyens le sacrifice de leur vie ; toutefois, la cité elle-même ne peut pas se sacrifier elle-même ; une cité peut sans honte accepter, même sous la contrainte, la suzeraineté d’une cité beaucoup plus puissante ; cela bien sûr ne veut pas dire qu’il ne faille pas préférer la mort ou l’anéantissement à l’esclavage proprement dit. Il y a une certaine ressemblance entre la cité et l’individu ; tout comme l’individu, la cité ne peut agir noblement ou vertueusement si elle manque de l’équipement nécessaire, c’est-à-dire de puissance, ou, en d’autres termes, la vertu est inutile sans un bagage adéquat. »

"Man can guarantee the actualization of wisdom, since wisdom is identical with free construction. But wisdom cannot be free construction if the universe is intelligible. Man can guarantee the actualization of wisdom, not in spite of, but because of, the fact that the universe is unintelligible. Man can be sovereign only because there is no cosmic support for his humanity. He can be sovereign only because he is absolutely a stranger in the universe. He can be sovereign only because he is forced to be sovereign. Since the universe is unintelligible and since control of nature does not require understanding of nature, there are no knowable limits to his conquest of nature. He has nothing to lose but his chains, and, for all he knows, he may have everything to gain. Still, what is certain is that man's natural state is misery; the vision of the City of Man to be erected on the ruins of the City of God is an unsupported hope."

  • Leo Strauss, Natural Right and History (1953), University of Chicago Press, 1953 (ISBN 9780226776941), Chapter V, p. 175

« Nous exagérons à peine lorsque nous disons qu’aujourd’hui la philosophie politique n’existe plus, sinon comme quelque chose qu’on enterre. »

  • Leo Strauss, La renaissance du rationalisme politique classique, p. 23

[L’historicisme est l’affirmation selon laquelle] « toute pensée humaine est historique et par là incapable d’appréhender quoi que ce soit d’éternel. »

« La crise contemporaine de la civilisation occidentale peut être décrite comme identique au paroxysme de la crise de l'idée de progrès au sens plein et emphatique du terme. Cette idée, je le répète, est constituée des éléments suivants : le développement de la pensée humaine dans sa totalité est un développement progressif ; l'émergence de la pensée moderne depuis le XVIIe siècle marque certainement un progrès sans réserve sur toute pensée antérieure ; il y a un parallélisme fondamental et nécessaire entre progrès intellectuel et progrès social ; un progrès intellectuel et social infini est en fait possible ; une fois que l'humanité a atteint un certain stade de développement, il existe un seuil solide au-dessous duquel il n'est guère possible de descendre. Tous ces éléments ont été mis en doute, je crois, par nous tous. Pour ne mentionner qu'un point, le plus massif peut-être, je dirais que l'idée de progrès était liée à celle de conquête de la nature, l'homme se transformant en maître et possesseur de la nature afin d'améliorer la condition de l'homme. Les moyens pour atteindre ce but furent la nouvelle science. Nous connaissons tous les immenses succès de la nouvelle science et de la technologie qui en est issue, et nous pouvons tous constater l'énorme accroissement de la puissance de l'homme. L'homme moderne est un géant, comparé à l'homme d'autrefois. Mais il nous faut aussi noter qu'il n'y a aucun progrès équivalent en sagesse et en bonté. L'homme moderne est un géant dont nous ne savons pas s'il est meilleur ou pire que l'homme d'autrefois. De plus, ce développement de la société moderne a culminé avec la conception selon laquelle l'homme n'est pas capable, de manière digne de confiance, de distinguer le bien et le mal — le fameux « jugement de valeur ». On ne peut rien dire de sérieux sur l'usage correct de cet immense pouvoir. L'homme moderne est un géant aveugle. »

  • Leo Strauss, La renaissance du rationalisme politique classique

« Au contraire, toute adhésion au progrès, sans parler d’une adhésion au communisme, implique le dogmatisme de celui qui prétend savoir (il « connaît » le sens de l’Histoire) et le fanatisme (cela est évidemment bon et ne peut être remis en question) : l’avenir sera nécessairement meilleur. Soumission au fait accompli, au décret de l’histoire et de destin. »

« Qu’est-ce que la démocratie moderne ? On a dit une fois que la démocratie est un régime où tous les adultes ou la plupart d’entre eux sont des hommes de vertu, et, dans la mesure où la vertu semble impliquer la sagesse, un régime dans lequel tous les hommes ou la plupart d’entre eux sont vertueux et sages, ou encore la démocratie est la société dans laquelle tous les adultes ou la plupart d’entre eux ont développé à un niveau élevé leur raison, ou encore la démocratie est la société rationnelle par excellence. En un mot, la démocratie est censée être une aristocratie qui s’est élargie au point d’être une aristocratie universelle. Avant l’émergence de la démocratie moderne, quelques doutes furent émis sur la possibilité de la démocratie ainsi entendue. Comme l’a dit l’un des deux plus grands esprits parmi les théoriciens de la démocratie : "S’il y avait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement. Un gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes." »

"The French Revolution is the first "philosophic revolution." It is the first revolution which was made by men of letters, philosophers, "thoroughbred metaphyscians," "not as subordinate instruments and trumpeters of sedition, but as the chief contrivers and managers." It is the first revolution in which "the spirit of ambition is connected with the spirit of speculation."

  • Leo Strauss, Natural Right and History, Chapter VI, quoting Edmund Burke, University of Chicago Press, 1953 (ISBN 9780226776941), p. 302

"Burke was satisfied that the French Revolution was thoroughly evil. He condemned it as strongly and as unqualifiedly as we today condemn the Communist revolution. He regarded it as possible that the French Revolution, which conducted "a war against all sects and all religions," might be victorious and thus that the revolutionary state might exist "as a nuisance on the earth for several hundred years." He regarded it, therefore, as possible that the victory of the French Revolution might have been decreed by Providence. In accordance with his "secularized" understanding of Providence, he drew from this the conclusion that "if the system of Europe, taking in laws, manners, religion and politics" is doomed, "they, who persist in opposing this mighty current in human affairs [...] will not be resolute and firm, but pervferse and obstinate."

  • Leo Strauss, quoting Edmund Burke, Works, III, 375, 393, 443, VIII, 510, Letters, p. 308 in Natural Right and History, Chapter VI, University of Chicago Press, 1953 (ISBN 9780226776941), p. 317

Bibliographia

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