Pourquoi le conservatisme ne gagnera jamais - William Luther Pierce


William Luther Pierce, « Pourquoi le conservatisme ne gagnera jamais », Attack!, nº 4, 1971.


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Certains de mes meilleurs amis sont des conservateurs. Je les aime en toute sincérité et j'apprécie leurs qualités vertueuses : leur décence, leur bienséance et leur intégrité malgré notre ère corrompue. J'admire leur esprit indépendant et leur volonté de demeurer autonome dans une société de plus en plus paternaliste.

J'espère que mes amis conservateurs me pardonneront les quelques mots qui suivent.

Un choix tragique

Il ne fait aucun doute que si on me forçait de choisir entre le conservatisme ou la gauche, nouvelle ou ancienne, je choisirais le conservatisme.

Heureusement les alternatives sont plus nombreuses. Un choix limité serait vraiment tragique dans le sens le plus spenglerien, comme le légionnaire de Spengler dont les os furent trouvés dans un portique de Pompée, et qui resta à son poste durant l'éruption du Vésuve. Nous serions forcés de choisir parmi les options correctes et honorables en accord avec les traditions de notre race, et donc de courir à notre perte.

Les conservateurs ne peuvent sortir victorieux du combat à mort dans lequel nous sommes maintenant engagés. Nos adversaires de la gauche radicale n'atteindront peut-être jamais leurs objectifs, car ces objectifs sont basés sur une conception erronée de l'homme et de la Nature. Quant aux conservateurs, ils nous ont prouvé leur incapacité totale à empêcher la destruction de notre univers par le radicalisme de la gauche.

L'avantage révolutionnaire

Le conservatisme ne peut vaincre car il s'oppose à une force révolutionnaire à un ennemi dont les buts sont révolutionnaires et dont le mode de vie est révolutionnaire. L'avantage est toujours du côté de celui qui est prêt à passer à l'attaque au lieu de se replier constamment sur une position défensive. Le gauchiste avec son programme révolutionnaire est la plupart du temps à l'attaque alors que le conservateur, s'ajustant constamment aux changements graduels, est généralement dans une position défensive.

L'assiégé et l'attaquant

La dichotomie offensive-défensive s'applique non seulement aux tactiques mais aussi à la stratégie globale. Le conservateur peut, de temps en temps, se lancer dans une contre-attaque protégeant ainsi sa forteresse assiégée. Mais à long terme, il ne fait que harceler l'attaquant révolutionnaire et est donc condamné au statut permanent d'assiégé.

Le but du conservateur est de protéger ses biens présents et, au mieux de restaurer un passé récent. Le but du révolutionnaire est de transformer radicalement le présent, et même de l'éliminer, dans le but final de le remplacer par quelque chose d'entièrement nouveau.

Le paradis terrestre sans race

Le conservateur ne cesse de s'attaquer aux symptômes de nos maux : le crime dans nos rues, les impôts et les taxes trop élevés, les drogues, la pornographie, le dirigisme. Par contre, le gauchiste vise l'instauration d'une utopie sans guerres, sans « répression », sans « discrimination », sans « racisme », un univers de laxisme et d'amour infini, où tous s'aimeront dans l'abondance et l'égalité d'un paradis terrestre sans race.

Le pays imaginaire

Les buts du conservateur semblent possibles et raisonnables. Quant au gauchiste, ses buts semblent être les attributs d'un pays imaginaire au-delà de l'horizon, en fait, au-delà de toute réalité. Mais, paradoxalement, c'est précisément l'avantage principal de la gauche. Lorsque le conservateur fait un petit gain, il a l'impression d'avoir gagné la guerre et, dans la majorité des cas, il se repose sur ses lauriers. Il a atteint ses buts. Le gauchiste, quant à lui, n'est jamais satisfait, quelles que soient les concessions en sa faveur. Ses buts restent toujours si lointains.

Pour le conservateur à chaque jour suffit sa peine. Il réagit nerveusement à la corruption et la dépravation de la gauche, toujours prêt à jouir de ses gains imaginaires. Sa ligne de défense est sans cesse reculée. Le gauchiste continue de pousser, de sonder, d'explorer, ses replis et ses concessions sont purement stratégiques; il recule de deux pas pour s'élancer vers son but idéologique ultime.

Défaite progressive

Lorsque la gauche revendique — par exemple en faveur de l'intégration raciale des écoles ou du logement — le conservateur oppose ces politiques au nom du droit d'association ou sous la bannière du contrôle local des écoles. En fin de compte, le gauchiste bien souvent obtient la moitié de ces demandes. Le conservateur se replie sur le nouveau statu quo, ayant perdu la moitié de ce qu'il essayait de préserver.

Le conservateur accepte le nouvel état de choses comme si cela avait toujours été la norme et se prépare à défendre cette nouvelle position. Pris dans un refrain interminable, il défend ce nouvel ordre avec la même incompétence contre les nouvelles attaques de la gauche.

Une idéologie malsaine

Cette position idéologique en constante dérive représente un malaise chronique de la droite conservatrice et lui empêche de prendre l'initiative. Le révolutionnaire de la gauche a, quant à lui, une idéologie malsaine et contre nature. Mais cette idéologie dont le but est clair, unifié, et continu, est un pré-requis indispensable à une victoire finale.

Le conservateur qu'a-t-il comme credo ou principes pour lesquels il serait prêt à se battre ? Durant les cinquante dernières années il a complètement perdu de vue ses principes de bases engloutis dans un horizon idéologique qui recule vers l'infini.

Les « racistes » sont des radicaux

Prenons la race comme exemple. Il y a un demi-siècle des Madison Grant ou Lothrop Stoddard étaient des porte-parole de la position conservatrice sur les questions raciales. Ils argumentaient avec éloquence, bien que de façon défensive, la préservation de notre identité raciale en maintenant des barrières strictes contre la miscegenation, en adoptant des politiques raisonnables concernant l'immigration, et en appliquant des principes eugéniques envers notre propre population. Aujourd'hui, dans la bibliothèque du conservateur moyen, on ne trouvera pas les écrits d'un Stoddard par exemple. Nos conservateurs contemporains ont une peur morbide d'être traité de racistes ou de radicaux et d'ainsi perdre leur statut de conservateur respectable.

Le piège de la libre entreprise

Vaut-il la peine de défendre la libre entreprise contre les manigances de nos gouvernements aux pouvoirs sans cesse accrus ?

En fait, le système de la libre entreprise est resté intact durant la période d'infiltration et de subversion de nos gouvernements. La libre entreprise n'a pas ralenti ces forces néfastes, bien au contraire. Les gens qui prirent le contrôle de nos journaux, de notre industrie cinématographique, de notre radio et de nos réseaux de télévisions l'ont fait non pas en dépit de la libre entreprise mais avec sa collaboration.

Au-delà des questions économiques

Nous ne voulons ni condamner la libre entreprise en tant que système économique ni minimiser l'importance des problèmes économiques qui à eux seuls peuvent ruiner un pays. Mais il est important de réaliser que nos problèmes contemporains ont des racines plus profondes; nos problèmes ne seront pas résolus par des réformes purement économiques.

La jeunesse américaine a pris conscience de ces faits et ne peut être blâmée pour avoir une attitude cynique envers le gouvernement ou le libéralisme économique.

La gauche trouvera toujours un jeune fanatique prêt à s'immoler ou à faire sauter un poste de police au nom de l'égalitarisme ou de la paix; mais la droite conservatrice ne recrutera jamais des jeunes prêts à se sacrifier pour la réduction de l'impôt ou contre les déductions de l'assurance sociale.

Sans une idéologie qui inspire, les conservateurs n'auront jamais la jeunesse de leur côté.

En fait, les deux failles du conservatisme vont de pair : le manque d'activisme et l'absence d'une idéologie claire.

Un but ultime

Comme l'avait dit un fameux leader anticommuniste : « L'absence d'une idée originale limite toujours notre habileté de combattant. Une conviction profonde de notre droit d'utiliser tous les moyens nécessaires est toujours reliée à une croyance fanatique en la nécessité d'une victoire finale d'un nouvel ordre révolutionnaire. »

« Un mouvement qui n'a aucun but ultime ne sera jamais capable d'acquérir l'arme ultime »... et, il ne va sans dire, n'émergera jamais victorieux contre un ennemi qui possède une idéologie révolutionnaire.

Révolutionnaire contre révolutionnaire

Malgré que le conservateur soit incapable de vaincre la gauche, une nouvelle force révolutionnaire, munie, contrairement au conservatisme, d'une base spirituelle, peut vaincre la gauche.

Cette nouvelle force est maintenant en construction. Ses rangs se remplissent chaque jour de jeunes hommes et jeunes femmes idéalistes.

Ces jeunes, ayant examiné la culture libertine de drogues et de sexe de la gauche ainsi que celle du laissez-faire économique de la droite, les rejettent.

Un nouvel ordre

Nos jeunes se battent dorénavant pour un nouvel ordre, non pas basé sur des modes éphémères, mais sur les valeurs fondamentales de la race et de la personnalité, sur ces valeurs qui menèrent l'homme occidental à la maîtrise de la planète, et qui peuvent encore lui redonner cette emprise et le guider vers la conquête de l'univers.

Ils savent que les promesses et les discours de la droite conservatrice n'ont plus aucune chance de nous sauver. Ils comprennent que le salut du peuple occidental doit émaner de jeunes hommes et femmes imprégnés d'un esprit révolutionnaire et d'une perspective activiste. Ils sont écœurés du verbiage et du placotage : ils sont prêts de faire ce qui est nécessaire pour reconquérir leur Nation.

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