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Citations

« Jamais doctrine humaine n’a rapproché en fait comme Dieu et l’homme le christianisme ; aucune non plus n’en était capable. Personnellement Dieu est seul à le pouvoir, toute invention des hommes est-elle plus qu’un rêve, qu’une illusion précaire ! Mais jamais doctrine ne s’est non plus gardée avec tant de soin contre le plus atroce des blasphèmes, celui, depuis que Dieu s’est fait homme, de profaner son acte, comme si Dieu et l’homme ne faisaient qu’un [...]. »

— Søren Kierkegaard, Traité du désespoir (1849), trad. Knud Ferlov et Jean-Jacques Gateau, éd. La Nouvelle Revue française, 1932, p. 230


« Il n’y a essentiellement qu’une conduite pour trouver le repos, c’est de laisser Dieu disposer en tout [...]. »

— Søren Kierkegaard, « Discours édifiants » (1843-1847), dans Œuvres complètes, trad. Paul-Henri Tisseau, éd. L’Orante, 1966-1984, vol. 13, p. 


« Ce qu’il y a d’enviable dans la vie d’un homme, c’est qu’on peut venir en aide à la Divinité [...]. »

— Søren Kierkegaard, Ou bien... ou bien... (1843), trad. Ferdinand et Odette Prior et Marie-Henriette Guignot, éd. Gallimard, coll. « Tel », 1984 (ISBN 9782070701070), p. 532


« Le choix du désespoir est donc “moi-même” ; car il est bien vrai qu’en désespérant, je désespère de moi-même aussi bien que de toute autre chose ; mais le moi-même dont je désespère est un fini comme tout autre fini, le moi-même que je choisis est le moi-même absolu, ou le moi-même selon sa validité éternelle. Si c’est ainsi, tu comprendras encore une fois pourquoi je disais, dans ce qui précède, et pourquoi je continue à dire, que le “ou bien — ou bien” que je posais entre la vie esthétique et la vie éthique, n’est pas un dilemme complet, puisque au fond il n’est question que d’un choix. Par ce choix je ne choisis pas au fond entre le bien et le mal, mais je choisis le bien, — et en choisissant le bien, je choisis co ipso le choix entre le bien et le mal. Le choix originel est toujours présent dans tout choix suivant. »

— Søren Kierkegaard, Ou bien... ou bien... (1843), trad. Ferdinand et Odette Prior et Marie-Henriette Guignot, éd. Gallimard, coll. « Tel », 1984 (ISBN 9782070701070), p. 509


« L’individu dont nous parlons découvre à présent que le soi-même qu’il choisit possède en lui une richesse infinie, dans la mesure où il a une histoire, une histoire dans laquelle il reconnaît son identité avec lui-même. Cette histoire est d’espèces différentes, car il s’y trouve en rapport avec d’autres individus de la famille et avec toute la famille ; cette histoire contient quelque chose de douloureux, et, cependant, ce n’est que par elle qu’il est celui qu’il est. C’est pourquoi il faut avoir du courage pour se choisir soi-même ; car au moment où il semble s’isoler le plus, il pénètre le plus dans la racine par laquelle il se rattache à l’ensemble. [...] Il ne peut rien abandonner de tout cela, pas même le plus douloureux, le plus cruel, et cependant, l’expression de cette lutte, de cette acquisition, est le repentir. Son repentir remonte dans le passé et a pour objet lui-même, la famille, la race, — et finalement il trouve lui-même en Dieu. Ce n’est qu’à cette condition qu’il peut se choisir lui-même, et c’est la seule condition qu’il veut, car ce n’est qu’ainsi qu’il peut se choisir lui-même au sens absolu. »

— Søren Kierkegaard, Ou bien... ou bien... (1843), trad. Ferdinand et Odette Prior et Marie-Henriette Guignot, éd. Gallimard, coll. « Tel », 1984 (ISBN 9782070701070), p. 507


« [...] toute conception esthétique de la vie est du désespoir [...]. »

— Søren Kierkegaard, Ou bien... ou bien... (1843), trad. Ferdinand et Odette Prior et Marie-Henriette Guignot, éd. Gallimard, coll. « Tel », 1984 (ISBN 9782070701070), p. 490


« Un vieux philosophe a dit que si on note exactement ce qui vous arrive dans la vie, on devient, sans s’en douter, philosophe. »

— Søren Kierkegaard, Ou bien... ou bien... (1843), trad. Ferdinand et Odette Prior et Marie-Henriette Guignot, éd. Gallimard, coll. « Tel », 1984 (ISBN 9782070701070), p. 323


« [...] on peut se débrouiller chrétiennement à travers l’existence. »

— Søren Kierkegaard, Ou bien... ou bien... (1843), trad. Ferdinand et Odette Prior et Marie-Henriette Guignot, éd. Gallimard, coll. « Tel », 1984 (ISBN 9782070701070), p. 294


« Il est révoltant qu’un homme dirige sur des sentiers faux un voyageur ignorant le chemin à prendre et le laisse ensuite seul dans son erreur. Cependant, n’est-il pas plus révoltant encore d’amener quelqu’un à se fourvoyer en lui-même ? »

— Søren Kierkegaard, Ou bien... ou bien... (1843), trad. Ferdinand et Odette Prior et Marie-Henriette Guignot, éd. Gallimard, coll. « Tel », 1984 (ISBN 9782070701070), p. 240


« Est-il donc surprenant que le monde rétrograde, que le mal se répande de plus en plus, puisque l’ennui augmente et que l’ennui est la mère de tous les vices ? Dès la création du monde on trouve des exemples. Adam s’ennuyait parce qu’il était seul, c’est pourquoi Ève fut créée. À partir de ce moment, l’ennui s’installa dans le monde et crût exactement à l’échelle de l’accroissement de la population. Adam s’ennuya tout seul, ensuite Adam et Ève s’ennuyèrent ensemble, ensuite Adam et Ève et Caïn et Abel s’ennuyèrent en famille, ensuite la population du monde augmenta et les peuples s’ennuyèrent en masse. Afin de se distraire, ils eurent l’idée de construire une tour si élevée qu’elle s’élançait vers le ciel. Cette idée est aussi ennuyeuse que la tour était élevée, et elle constitue une preuve terrible de la primauté de l’ennui à ce moment là. Ensuite ils furent dispersés à travers le monde, comme on fait aujourd’hui un voyage à l’étranger, mais ils continuèrent à s’ennuyer. Et quelles conséquences n’a pas entraînées cet ennui ! L’homme d’abord haut placé avait déchu profondément, premièrement à cause d’Ève, ensuite en tombant du haut de la tour babélique. Et par ailleurs, qu’est-ce qui a retardé la chute de Rome ? Panis et circences. »

— Søren Kierkegaard, Ou bien... ou bien... (1843), trad. Ferdinand et Odette Prior et Marie-Henriette Guignot, éd. Gallimard, coll. « Tel », 1984 (ISBN 9782070701070), p. 223-224


« La question serait ainsi réglée, la réponse serait facile : car le plus malheureux serait celui qui ne peut pas mourir, heureux celui qui le peut ; heureux serait celui qui meurt dans sa vieillesse, plus heureux celui qui meurt dans sa jeunesse, plus heureux encore celui qui meurt au moment de sa naissance ; le plus heureux de tous serait celui qui ne voit jamais le jour. Mais il n’en est pas ainsi, la mort est le bonheur commun de tous les hommes, et, puisqu’on n’a pas trouvé le plus malheureux, il faut le rechercher à l’intérieur des limites ainsi tracées. »

— Søren Kierkegaard, Ou bien... ou bien... (1843), trad. Ferdinand et Odette Prior et Marie-Henriette Guignot, éd. Gallimard, coll. « Tel », 1984 (ISBN 9782070701070), p. 172


« Il arriva que le feu prit dans les coulisses d’un théâtre. Le bouffon vint en avertir le public. On pensa qu’il faisait de l’esprit et on applaudit ; il insista ; on rit de plus belle. C’est ainsi, je pense, que périra le monde : dans la joie générale des gens spirituels qui croiront à une farce. »

— Søren Kierkegaard, Ou bien... ou bien... (1843), trad. Ferdinand et Odette Prior et Marie-Henriette Guignot, éd. Gallimard, coll. « Tel », 1984 (ISBN 9782070701070), p. 27


« Que les gens sont absurdes ! Ils ne se servent jamais des libertés qu'ils possèdent, mais réclament celles qu'ils ne possèdent pas ; ils ont la liberté de pensée, ils exigent la liberté de parole. »

— Søren Kierkegaard, Ou bien... ou bien... (1843), trad. Ferdinand et Odette Prior et Marie-Henriette Guignot, éd. Gallimard, coll. « Tel », 1984 (ISBN 9782070701070), p. 17
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