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Law

« Il y a deux formes symétriques de barbarie : celle des peuples qui n’ont que des coutumes et celle des peuples qui ne respectent que des lois. »

Continents

« Les eaux de l’Occident sont corrompues, mais leur source est restée pure. »

Atheism

« Il ne faut pas désespérer de l’athée, aussi longtemps qu’il n’adore pas l’homme. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #781, p. 135

« "Dieu est mort", s’est exclamé ce Vendredi saint que fut le XIXème siècle. Aujourd’hui nous vivons dans le silence atroce du samedi. Dans le silence de la tombe habitée. En quel siècle se lèvera, sur la tombe désertée, l’aurore du Dimanche pascal ? »

« La sécularisation d’une société consiste en la perte du sens de la dépendance. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Carnets d'un vaincu [Sucesivos escolios a un texto implicito], traduit de l’espagnol par Alexandra Templier, L’Arche, 2009, p. 62

Modernity

"Modern man does not love, but seeks refuge in love; does not hope, but seeks refuge in hope; does not believe but seeks refuge in dogma."

« L'homme moderne n'aime pas, il se réfugie dans l'amour ; il n'espère pas, il se réfugie dans l'espérance ; il ne croit pas, il se réfugie dans un dogme. »
  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #647, p. 114

« Le Progrès se réduit finalement à voler à l’homme ce qui l’ennoblit, pour lui vendre au rabais ce qui l’avilit. »

"The modern world will not be punished. It is the punishment."

« Le monde moderne ne sera pas châtié. Il est le châtiment. »

« L'État moderne réalisera son essence lorsque la police, comme Dieu, sera témoin de tous les actes des hommes. »

« Celui qui se respecte ne peut vivre aujourd'hui que dans les interstices de la société. »

« Ne pas sentir la putréfaction du monde moderne est un indice de contamination. »

« La plus grande faute du monde moderne n'est pas d'avoir incendié les châteaux, mais d'avoir rasé les chaumières. Ce qu'on voit s'effacer, au fil du XIXe siècle, c'est la dignité des humbles. »

« Ce que le moderne déteste dans l’Église catholique, c’est son triple héritage : chrétien, romain et hellénique. »

« Se rebeller contre l'inévitable et se résigner à l'évidence : c'est ce qui caractérise l'homme moderne. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Le Réactionnaire authentique, éd. Le Rocher, coll. Anatolia, 2005 (ISBN 2-268-05300-8), p. 85

« Les sociétés agonisantes luttent contre l’histoire en émettant des lois, comme les naufragés contre les eaux en poussant des cris. Brefs remous. »

« Le monde moderne est arrivé à institutionnaliser avec une telle astuce le "changement", la "révolution", l’ "anticonformisme", que toute entreprise de libération est une routine inscrite dans le règlement de la prison. »

« Le monde moderne est arrivé à institutionnaliser avec une telle astuce le "changement", la "révolution", l’"anticonformisme", que toute entreprise de libération est une routine inscrite dans le règlement de la prison. »

« La liberté à laquelle aspire l’homme moderne n’est pas celle de l’homme libre, mais celle de l’esclave un jour de fête. »

« Le capitalisme est la face vulgaire de l’âme moderne, le socialisme sa face assommante. »

« En fin de compte, qu’est-ce que le moderne appelle "Progrès" ? Ce qui paraît commode aux imbéciles. »

« Le nombre croissant de ceux qui jugent "inacceptable" le monde moderne nous rassurerait, si nous ne les savions pas prisonniers des convictions mêmes qui l’ont rendu inacceptable. »

« La promptitude avec laquelle la société moderne absorbe ses ennemis ne s’expliquerait pas, si les clameurs apparemment hostiles n’étaient pas simple réclamation de promotions impatientes. »

« Dans la société qui s’esquisse, même la collaboration enthousiaste du sodomite et de la lesbienne ne nous sauvera pas de l’ennui. »

« Selon l’homme moderne, l’oppression commence là où l’on interdit quelque immondice. »

« Nous appelons ère libérale les quatre siècles que prit la liquidation des libertés médiévales. »

« Le monde moderne n’est pas une calamité définitive. Il y a des dépôts d’armes clandestins. »

« Le moderne a substitué à l’Imitation du Christ la parodie de Dieu. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Carnets d'un vaincu [Sucesivos escolios a un texto implicito], traduit de l’espagnol par Alexandra Templier, L’Arche, 2009, p. 20

"The most notorious thing about every modern undertaking is the discrepancy between the immensity and complexity of the technical apparatus and the insignificance of the final product."

« Ce qui est notoire dans toute entreprise moderne c’est le décalage entre l’immensité, la complexité de l’appareil technique et l’insignifiance du produit final. »
  • Nicolás Gómez Dávila, Carnets d'un vaincu [Sucesivos escolios a un texto implicito], traduit de l’espagnol par Alexandra Templier, L’Arche, 2009, p. 24

« La machine moderne est chaque jour plus complexe et l’homme moderne chaque jour plus élémentaire. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Carnets d'un vaincu [Sucesivos escolios a un texto implicito], traduit de l’espagnol par Alexandra Templier, L’Arche, 2009, p. 35

« La modernité tente d'élaborer avec la luxure, la violence et l'infamie l'innocence d'un paradis infernal. »

« Les individus, dans la société moderne, sont chaque jour plus semblables les uns aux autres et chaque jour plus étrangers les uns aux autres. Des monades identiques qui s’affrontent dans un individualisme féroce. »

"Adaptation to the modern world requires sclerosis of sensibility and degradation of character."

« La plus grande erreur moderne, ce n'est pas d'annoncer que Dieu est mort, mais de croire que le diable est mort. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #359, p. 72

« Les sociétés agonisantes luttent contre l’histoire en émettant des lois, comme les naufragés contre les eaux en poussant des cris. Brefs remous. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #546, p. 99

« La sagesse, en ce siècle, consiste avant tout à savoir supporter la vulgarité sans se mettre en rage. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #548, p. 99

« L’individualisme moderne se réduit à faire passer pour personnelles et originales les opinions partagées par tout le monde. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #587, p. 105

« La charité de l'homme moderne ne consiste pas à aimer son prochain comme soi-même, mais à s'aimer soi-même en son prochain. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #670, pp. 117-118

Christianity

« Le rôle du christianisme dans le monde est la plus grande préoccupation du nouveau théologien. Singulière préoccupation, attendu que le christianisme enseigne que le chrétien n’a pas de rôle à jouer dans le monde. »

« Ce qui est authentiquement chrétien, ce n’est pas ce qui reçoit l’approbation condescendante de l’incrédule, c’est ce qui le scandalise. »

« Être chrétien à la mode actuelle consiste moins à nous repentir de nos péchés qu’à nous repentitr du christianisme. »

« La crucifixion, selon le christianisme d’aujourd’hui, ne fut qu’une lamentable erreur judiciaire. »

« Le christianisme n’a pas inventé la notion de péché, mais celle de pardon. »

« Seule l’Église se considère comme une congrégation de pécheurs. N’importe quelle autre collectivité, religieuse ou laïque, pense être une confrérie de saints. »

« Ce qu’on pense contre l’église, si l’on ne le pense pas depuis l’Eglise, manque de tout intérêt. »

« L’incrédule s’imagine que la religion prétend apporter des solutions, tandis que le croyant sait qu’elle promet seulement de multiplier les énigmes. »

« Aujourd’hui, se dire "chrétien" est généralement une façon d’indiquer qu’on ne lutte pas contre le christianisme de dehors, mais du dedans. »

« En pensant ouvrir les bras au monde moderne, l’Église a fini par lui ouvrir les cuisses. »

« Aujourd’hui Jésus-Christ n’arriverait pas à se faire écouter comme fils de Dieu, mais comme fils de charpentier. »

« Que le christianisme ne résolve pas les problèmes sociaux n’est pas une raison pour devenir apostat, sinon pour celui qui oublie qu’il n’a jamais promis de les résoudre. »

"The progressive Christian’s error lies in believing that Christianity’s perennial polemic against the rich is an implicit defense of socialist programs."

« L’erreur du chrétien progressiste consiste à croire que la polémique pérenne du christianisme contre les riches est une défense implicite des programmes socialistes. »
  • Nicolás Gómez Dávila, Carnets d'un vaincu [Sucesivos escolios a un texto implicito], traduit de l’espagnol par Alexandra Templier, L’Arche, 2009, p. 128

« Qu’est la philosophie pour le catholique sinon la manière dont son intelligence vit sa foi ? »

« Le catholique progressiste prétend restaurer le christianisme primitif en rapetassant le moralisme humanitaire des abbés incrédules du XVIIIème siècle. »

« Le vrai catholique dissimule sa foi. Non pas qu’il en ait honte, mais pour qu’elle n’ait pas honte de lui. »

« Le catholique progressiste va ramasser sa théologie dans la poubelle de la théologie protestante. »

« Le christianisme ne nie pas la splendeur du monde, mais il invite à rechercher son origine, à s'élever jusqu'à ses neiges immaculées. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #564, p. 102

Conservatism

"Concessions are the steps up the gallows."

« Les concessions sont les marches de l’échafaud. »

« Toute droite d’aujourd’hui n’est autre chose qu’une gauche d’hier désireuse de digérer en paix. »

« La féodalité a été fondée sur des sentiments nobles : loyauté, protection, service. Les autres systèmes politiques se fondent sur des sentiments méprisables : égoïsme, convoitise, jalousie, lâcheté. »

"Every rebellion against the order of man is noble, so long as it does not disguise rebelliousness against the order of the world."

« Toute rébellion contre l'ordre de l'homme est noble, tant qu'elle ne masque pas une rébellion contre l'ordre du monde. »

"The pure reactionary is not a dreamer of abolished pasts, but a hunter of sacred shades on the eternal hills."

« Le réactionnaire n’est pas un nostalgique rêvant de passés abolis, mais celui qui traque des ombres sacrées sur les collines éternelles. »

« L’existence du réactionnaire authentique ne laisse pas de scandaliser le progressiste. Le seul fait qu’il existe lui procure un vague malaise. Devant l’attitude réactionnaire le progressiste ressent un léger mépris, accompagné de surprise et de désarroi.

Pour se rassurer, le progressiste choisi d’interpréter cette attitude intempestive et choquante comme l’hypocrisie d’un ambitieux ou un symptôme de stupidité ; mais seuls les journalistes, les politiciens et les imbéciles ne sont pas secrètement tourmentés par la ténacité avec laquelle les plus hautes intelligences de l’Occident, depuis cent cinquante ans, accumulent les objections contre le monde moderne. Un dédain complaisant ne semble pas, en effet, la réponse adéquate à une prise de position ou se retrouvent main dans la main un Goethe et un Dostoïevski.

[...]

Le réactionnaire ne s’abstient pas d’agir par crainte du risque, mais parce qu’il estime qu’actuellement les forces sociales se précipitent vers un but qu’il méprise. Dans l’actuel processus, les forces sociales ont creusé leur lit dans le roc, et rien ne détournera leur cours tant qu’elles ne déboucheront pas sur la rase étendue d’une plaine incertaine. Mais si le réactionnaire n’a aucun pouvoir à notre époque, sa condition l’oblige à témoigner de son écoeurement. »

« Lorsque les "droites" assassinent, la gauche hurle et s’indigne comme si on la dépouillait d’un privilège. »

« Nous autres réactionnaires octroyons aux imbéciles le plaisir de se croire de hardis penseurs d’avant-garde. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Carnets d'un vaincu [Sucesivos escolios a un texto implicito], traduit de l’espagnol par Alexandra Templier, L’Arche, 2009, p. 13

« Les textes réactionnaires paraissent obsolètes aux contemporains et d’une surprenante actualité à la postérité. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Carnets d'un vaincu [Sucesivos escolios a un texto implicito], traduit de l’espagnol par Alexandra Templier, L’Arche, 2009, p. 18

« Le réactionnaire n’est pas conseiller du possible mais confesseur du nécessaire. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Carnets d'un vaincu [Sucesivos escolios a un texto implicito], traduit de l’espagnol par Alexandra Templier, L’Arche, 2009, p. 116

« Je ne suis pas un intellectuel protestataire mais un paysan médieval indigné. »

« Pour le réactionnaire, réagir n'est pas tomber dans un passé mort, mais s'arracher à une maladie qui tue. »

« Je suis l’asile de toutes les idées frappées d’ostracisme par l’ignominie moderne. »

« Le réactionnaire n’argumente pas contre le monde moderne dans l’espoir de le vaincre, mais pour que les droits de l’âme ne se prescrivent jamais. »

« En effet, même si elle n’est ni nécessité, ni caprice, l’histoire, pour le réactionnaire, n’est pourtant pas une dialectique de la volonté immanente, mais une aventure temporelle entre l’homme et ce qui le transcende. Ses œuvres sont des vestiges, sur le sable labouré par la lutte, du corps de l’homme et du corps de l’ange. L’histoire selon le réactionnaire est un haillon, déchiré par la liberté de l’homme, et qui flotte au vent du destin. »

« L’angoisse devant le crépuscule de la civilisation est une affliction réactionnaire.

Le démocrate ne peut gémir sur la disparition de ce qu’il ignore. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #500, p. 92

Nationalism

« Quand la patrie n’est pas le territoire des temples et des tombes, mais une simple somme d’intérêts, le patriotisme est déshonorant. »

« Ne médisons pas du nationalisme.

Sans la virulence nationaliste il y a beau temps que l'Europe et le monde seraient soumis à un empire technique, rationnel, uniforme.

Faisons crédit au nationalisme d'au moins deux siècles de spontanéité spirituelle, de libre expression de l'âme nationale, de riche diversité historique.

Le nationalisme aura été le dernier spasme de l'individu avant la mort grisâtre qui l'attend. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #745, p. 129

Culture

« Éduquer les jeunes gens ne consiste pas à les familiariser avec leur époque, mais à faire en sorte qu’ils l’ignorent le plus longtemps possible. »

« Les jeunes secouent violemment la tête pour mieux adapter leur nuque au joug. »

« Les insolences de l’adolescent ne sont que les ruades de l’âne qui se fait à son écurie. Tandis que l’insolence de l’adulte qui secoue soudain de ses épaules les années de patience sous lesquelles il s’est courbé est un spectacle admirable. »

« Les authentiques œuvres d’art éclatent dans le dos de leur temps, comme des obus oubliés sur le champ de bataille. »

"Museums are the invention of a mankind that has no place for works of art, either in its home, or in its life."

« Les musées sont l'invention d'une humanité qui n'a pas de place pour les œuvres d'art, ni dans ses maisons, ni dans sa vie. »

"Museums are the tourist’s punishment."

« Les musées sont la punition des touristes. »

"A work of art, today, is anything that sells for a high price."

« Une oeuvre d'art, aujourd'hui, c'est n'importe quel objet qui coûte cher. »

« La grande ambition de l'artiste actuel, c'est que la société le couvre d'opprobre et la presse d'éloges. »

"Literature does not die because nobody writes, but when everybody writes."

« La littérature ne périt pas parce que personne n’écrit, mais quand tout le monde écrit. »

« La décadence d'une littérature commence quand ses lecteurs ne savent pas écrire. »

« Lorsqu’il est insuffisamment familier des lettres grecques et latines, le critique assigne des rangs avec la bienveillance de l’ignorance. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Carnets d'un vaincu [Sucesivos escolios a un texto implicito], traduit de l’espagnol par Alexandra Templier, L’Arche, 2009, p. 46

« La perte de transparence est le premier symptôme de décadence d’une langue. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Carnets d'un vaincu [Sucesivos escolios a un texto implicito], traduit de l’espagnol par Alexandra Templier, L’Arche, 2009, p. 48

« Est cultivé l’homme qui ne fait pas de la culture une profession. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #782, p. 135

« Devant les esprits vraiment grands, nous ne nous sentons pas humiliés, mais mystérieusement en accord. »

« La paresse de l’intellect est bien souvent le seul contrepoids à la démence humaine. »

« La poésie n’a pas de place dans le monde. C’est un flamboiement qui s’infiltre par ses failles. »

« Les deux ailes de l’intelligence sont l’érudition et l’amour. »

« L’intelligence littéraire est l’intelligence du concret. »

« L’intelligence est spontanément aristocratique, car c’est la faculté de distinguer les différences et de fixer les rangs. »

« L’homme ne communique avec son semblable que quand l’un écrit dans sa solitude, et que l’autre le lit dans la sienne. Les conversations sont divertissement, escroquerie, ou escrime. »

« Les guerres intellectuelles ne sont pas gagnées par les armées régulières mais par des francs-tireurs. »

« La courtoisie nous donne la faculté de respecter nos interlocuteurs sans avoir besoin de croire à leur importance. »

« Respecter les gens qui nous sont supérieurs est d’abord une preuve de bon goût. »

« Exiger de l’intelligence qu’elle s’abstienne de juger mutile sa faculté de comprendre. C’est dans le jugement de valeur que culmine la compréhension. »

« Lorsque la rouerie commerciale des uns exploite la crédulité culturelle des autres, on parle de diffusion de la culture. »

« La littérature est devenue gesticulation de naufragés alors qu’elle devrait être description du naufrage. »

« Le romancier de gauche est toujours mauvais, parce qu’il connaît la solution de tous les problèmes. »

« Est cultivé l’homme pour qui rien n’est dénué d’intérêt, et presque tout d’importance. »

« La "culture" n’est pas tant la religion des athées que celle des incultes. »

« À la littérature appartient tout livre qu’on peut lire deux fois. »

« L’intelligence sans préjugés est simplement celle qui connaît les siens. »

« L’organe du plaisir est l’intelligence. »

« Lorsque la possibilité même d’une transcendance s’avère impensable, la pensée reste utile, mais perd tout intérêt. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Carnets d'un vaincu [Sucesivos escolios a un texto implicito], traduit de l’espagnol par Alexandra Templier, L’Arche, 2009, p. 11

« Deux critiques littéraires disant la même chose : l’un peut nous paraître illisible et stupide, l’autre agréable et subtil.

L’art de la critique est indissociable de la personnalité du critique. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Carnets d'un vaincu [Sucesivos escolios a un texto implicito], traduit de l’espagnol par Alexandra Templier, L’Arche, 2009, p. 24

« Certaines proses ne semblent pas être les étapes de l’histoire d’une langue mais les cristallisations d’une langue hors du temps. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Carnets d'un vaincu [Sucesivos escolios a un texto implicito], traduit de l’espagnol par Alexandra Templier, L’Arche, 2009, p. 28

« En découvrant la source d’une œuvre, le critique littéraire croit découvrir son explication alors qu’il ne fait que se heurter contre son prétexte. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Carnets d'un vaincu [Sucesivos escolios a un texto implicito], traduit de l’espagnol par Alexandra Templier, L’Arche, 2009, p. 65

« Sans lecteur intelligent pas de texte subtil. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Carnets d'un vaincu [Sucesivos escolios a un texto implicito], traduit de l’espagnol par Alexandra Templier, L’Arche, 2009, p. 66

« Tradition, propagande, hasard ou conseil choisissent nos lectures.

Nous ne choisissons que ce que nous relisons. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Carnets d'un vaincu [Sucesivos escolios a un texto implicito], traduit de l’espagnol par Alexandra Templier, L’Arche, 2009, p. 67

« La médiocrité d’un livre requiert parfois des années avant de devenir manifeste. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Carnets d'un vaincu [Sucesivos escolios a un texto implicito], traduit de l’espagnol par Alexandra Templier, L’Arche, 2009, p. 79

« Le lecteur authentique est celui qui lit par plaisir les livres que les autres se contentent d'étudier. »

« Le suprême délice est de voir juste intellectuellement. »

« L'écrivain doit être professionnel, mais la littérature ne doit pas être une profession. »

« Tout ce qui peut interrompre une tradition oblige à repartir de l’origine. Et toute origine est sanglante. »

« Le triangle : bourg, château, monastère n’est pas une miniature médiévale, mais un paradigme éternel. »

« C’est la disparition du paysannat et des humanités classiques qui a rompu la continuité avec le passé. »

« Le geste, plus que le verbe, est le véritable transmetteur des traditions. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Carnets d'un vaincu [Sucesivos escolios a un texto implicito], traduit de l’espagnol par Alexandra Templier, L’Arche, 2009, p. 93

"Journalists are the plebs’ courtiers."

« Les journalistes sont les courtisans de la plèbe. »

"In an age in which the media broadcast countless pieces of foolishness, the educated man is defined not by what he knows, but by what he doesn't know."

« En un siècle où les médias publicitaires divulguent un nombre infini de sottises, l’homme cultivé ne se définit pas par ce qu’il sait mais par ce qu’il ignore. »

« Les célébrités de notre temps restent imprégnées de l’odeur des laboratoires publicitaires où elles ont été fabriquées. »

« La presse de gauche fabrique pour la gauche les grands hommes que ni la nature ni l’histoire ne lui fabriquent. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Carnets d'un vaincu [Sucesivos escolios a un texto implicito], traduit de l’espagnol par Alexandra Templier, L’Arche, 2009, p. 22

« Les grands écrivains, depuis le romantisme, sont des prisonniers qui secouent frénétiquement les barreaux de la geôle qu'est devenu le monde sans Dieu. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #758, p. 131

Democracy

« Pour distraire le peuple pendant qu’ils l’exploitent, les despotismes idiots choisissent les jeux du cirque, tandis que le despotisme astucieux préfère les jeux électoraux. »

"Demagogy is the term democrats use when democracy frightens them."

« Démagogie est le mot qu'emploient les démocrates quand la démocratie leur fait peur. »
  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #446, p. 84

"In aristocratic times what has value is priceless ; in democratic times what is priceless has no value."

« Dans les époques aristocratiques, ce qui a de la valeur n’a pas de prix. Dans les époques démocratiques, ce qui n’a pas de prix n’a pas de valeur. »

« Le peuple n’est pas nécessairement vulgaire. Pas même dans une démocratie. Par contre, les classes supérieures d’une démocratie le sont nécessairement, parce que si ses membres ne l’étaient pas, ils ne se seraient pas élevés dans une démocratie. »

« Le pourcentage d’électeurs qui s’abstiennent de voter mesure le degré de liberté concrète dans une démocratie. Là où la liberté est fictive, là où elle est menacée, ce pourcentage tend vers zéro. »

« La société libre n'est pas celle qui a le droit d'élire ceux qui la gouvernent, mais celle qui élit ceux qui ont le droit de la gouverner. »

« Aussi longtemps qu’on ne le prend pas au sérieux, celui qui dit la vérité peut survivre dans une démocratie. »

« Notre société tient à avoir des dirigeants élus pour que le hasard de la naissance ou le caprice du monarque ne viennent pas tout à coup livrer le pouvoir à un homme intelligent. »

« La concussion démocratique est inexcusable parce qu'elle est hypocrite, sournoise, honteuse. J'aime mieux Vaux-le-Vicomte que les comptes bancaires en Suisse des ministres démocratiques. »

« L'opinion publique n'est pas aujourd'hui une somme d'opinions personnelles. Les opinions personnelles sont au contraire l'écho de l'opinion publique. »

« L'individu obéissant à une vocation authentique est réactionnaire. Quelles que soient les opinions qu'il nourrit. Est démocrate celui qui attend du monde la définition de ses objectifs. »

« Ayant promulgué le dogme de l’innocence originelle, la démocratie conclut que le coupable du crime n’est pas l’assassin qui convoite, mais la victime qui a excité sa convoitise. »

« La vie est une fabrique de hiérarchies. La mort seule est démocratique. »

« La société libre n’est pas celle qui a le droit d’élire ceux qui la gouvernent, mais celle qui élit ceux qui ont le droit de la gouverner. »

« Plus les problèmes sont graves, plus grand est le nombre d’incapables auxquels la démocratie fait appel pour les résoudre. »

« Les tribunaux démocratiques ne font pas trembler le coupable, mais l’accusé. »

« Les démocrates décrivent un passé qui n’a jamais existé et prédisent un avenir qui ne se réalise jamais. »

« Aux yeux d’un démocrate, qui ne s’avilit pas est suspect. »

« Le politicien démocrate se vend toujours. Aux riches, au comptant. Aux pauvres, à terme. »

« La ferveur du culte que le démocrate rend à l’humanité n’a d’égale que la froideur par laquelle il manifeste son manque de respect pour l’individu. Le réactionnaire, lui, dédaigne l’homme, sans trouver aucun individu méprisable. »

« Les aristocraties sont les enfantements normaux de l’histoire, les démocraties en sont les avortements. »

« Nous avons commencé par appeler démocratiques les institutions libérales et nous avons fini par appeler libérales les servitudes démocratiques. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Carnets d'un vaincu [Sucesivos escolios a un texto implicito], traduit de l’espagnol par Alexandra Templier, L’Arche, 2009, p. 35

« Le politique, dans une démocratie, devient le bouffon du peuple souverain. »

« La volonté générale, c’est la fiction qui permet au démocrate de prétendre que pour s’incliner devant une majorité, il y a d’autres raisons que la pure et simple couardise. »

« Les parlements démocratiques ne sont pas des enceintes où l’on débat, mais où l’absolutisme populaire enregistre ses edits. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #35, p. 26

« Dans les démocraties, on appelle classe dirigeante la classe que le vote populaire ne laisse rien diriger. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #701, p. 122

Economics

« Nous ne blâmons pas le capitalisme parce qu'il fomente l'inégalité, mais pour favoriser l'ascension de types humains inférieurs. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #399, p. 78

« Le socialisme fait son fonds de commerce de la convoitise et de la misère ; le capitalisme, de la convoitise et des vices. »

« L’inflation économique de cette fin de siècle est un phénomène moral. Résultat, et à la fois châtiment, de la convoitise égalitaire. »

« Aujourd’hui le riche vit sa richesse avec une avidité de pauvre enrichi et le pauvre sa pauvreté avec une rancœur de riche dépossédé.

La richesse a perdu ses vertus propres et la pauvreté les siennes. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #568, p. 102

« Les riches ne sont inoffensifs que là où ils sont exposés au dédain d’une aristocratie. »

« Le communiste hait le capitalisme par complexe d’Œdipe. Le réactionnaire le considère simplement avec xénophobie. »

« Si l’on aspire seulement à doter d’un nombre croissant de biens un nombre croissant d’êtres, sans se soucier de la qualité des êtres ni de celle des biens, alors le capitalisme est la solution parfaite. »

« La prolifération des parasites est appelée croissance du secteur tertiaire de l’économie. »

« Le capitalisme est abominable parce qu’il assure la répugnante prospérité promise en vain par le socialiste qui le hait. »

« Aucun travail ne déshonore, mais tous rabaissent. »

« Le peuple tolère qu'on le vole pourvu qu'on le flagorne. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #595, p. 106

Equality

« Celui qui réclame l’égalité des chances finit par exiger que l’on pénalise celui qui est doué. »

« La toute-puissance de l'argent a été le prix de l'égalité sociale. [...] La toute-puissance de l'État sera le prix de l'égalité économique. »

« L’égalitariste considère que la courtoisie est un aveu d’infériorité. Entre égalitaristes, c’est la grossièreté qui marque le rang. »

« La charité, pour un égalitariste, est un vice féodal. »

« A la tyrannie de nos supérieurs il ne nous est pas impossible de résister ; mais la tyrannie de nos égaux est irrésistible. »

« Même en matière de plaisir nous ne devons pas accepter les références égalitaires. Le plaisir d’un porc est un plaisir de porc. »

« Plus les hommes se sentent égaux, plus ils tolèrent facilement qu’on les traite comme des pièces interchangeables, remplaçables et superflues. L’égalité est la condition psychologique préalable aux massacres scientifiques et impassibles. »

« Plaignons l’égalitariste. Quelle tristesse d’ignorer qu’il y a des degrés et des degrés bien au-dessus de notre médiocrité. »

« Dans des sociétés où tous se croient égaux, l'inévitable supériorité de quelques-uns fait que les autres se sentent des ratés. Inversement, dans des sociétés où l'inégalité est la norme, chacun s'installe dans sa différence, sans ressentir le besoin, ni concevoir la possibililté, de se comparer aux autres. Seule une structure hiérarchique a des égards envers les médiocres et les humbles. »

« Si les hommes naissaient égaux, ils inventeraient l’inégalité pour tuer l’ennui. »

Liberty

« La liberté est un rêve d'esclaves. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Le Réactionnaire authentique, éd. Le Rocher, coll. Anatolia, 2005 (ISBN 2-268-05300-8), p. 153

« La libération totale est le processus qui construit la prison parfaite. »

"Total freedom of expression does not compensate for lack of talent."

« La liberté, pour le démocrate, ne consiste pas à pouvoir dire tout ce qu’il pense, mais à n’avoir pas à penser tout ce qu’il dit. »

« Quand la liberté cesse d’être soumission aux plus hautes valeurs de l’époque pour se transformer en droit d’exprimer notre insignifiante individualité, mieux vaut encore la discipline de la caserne socialiste. »

« Cette libération de l’humanité qu’a tant chantée le 19ème siècle s’est finalement résumée au tourisme international. »

« Une foule homogène ne réclame pas la liberté.

La société hierarchisée n’est pas seulement la seule où l’homme peut être libre, mais aussi la seule où il lui est indispensable de l’être. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #19, p. 24

« Pour que la liberté dure, elle doit être le but de l'organisation sociale et non son fondement. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #689, p. 120

« Plus l'homme se croit libre, plus il est facile de l'endoctriner. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #700, p. 122

Revolution

"Revolutionary intellectuals have the historic mission of inventing the vocabulary and the themes for the next tyranny."

« Les intellectuels révolutionnaires ont la mission historique d’inventer le vocabulaire et les thèmes de la prochaine tyrannie. »

« Les opinions révolutionnaires ouvrent la seule carrière, dans la société actuelle, qui assure une position sociale respectable, lucrative, et paisible. »

« L’authentique révolutionnaire se soulève pour abolir la société qu’il déteste, le révolutionnaire actuel se rebelle pour hériter d’une société qu’il envie. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #646, p. 114

« Le peuple n’envahit que les palais déjà désertés. »

« Les prises de position révolutionnaires de la jeunesse moderne sont des preuves irréfutables de ses aptitudes à la carrière administrative. Les révolutions sont de parfaites couveuses à démocrates. »

« Une révolution est légitime uniquement lorsque le révolutionnaire sent dans la moelle de ses os que la société contre laquelle il se soulève est, légalement, coupable de rébellion. »

« Rien ne donne plus d’aisance au révolutionnaire pour ordonner d’innombrables exécutions que de se savoir opposé à la peine de mort. »

« La Révolution française paraît admirable à celui qui la connaît mal, terrible à celui qui la connaît mieux, grotesque à celui qui la connaît bien. »

« Toute révolution victorieuse échoue finalement, parce que les vertus du pauvre ne sont pas propres au pauvre, mais à la pauvreté. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #692, p. 121

« Les révolutions démocratiques donnent le coup d’envoi des exécutions en annonçant la proche abolition de la peine de mort. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #523, p. 96

Politics

"An "ideal society" would be the graveyard of human greatness."

« Une "société idéale" serait le cimetière de la grandeur humaine. »
  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #32, p. 26

« La politique n'est pas l'art d'imposer les meilleures solutions, mais d'empêcher les pires. »

« Cela fait deux siècles que le peuple a sur le dos non seulement ceux qui l'exploitent, mais aussi ses libérateurs. »

« Les anciens despotismes se contentaient de confiner l’homme dans sa vie privée, ceux à la mode du jour préfèrent qu’il n’ait qu’une vie publique. »

« Pour domestiquer l’homme, il suffit de politiser tous ses gestes. »

« Les partis libéraux ne comprennent jamais que le contraire du despotisme n’est pas la niaiserie, c’est l’autorité. »

« Prendre le pauvre sous son aile a toujours été, en politique, le moyen le plus sûr de s’enrichir. »

« Quand les convoitises individuelles se rassemblent, nous avons pris l’habitude de les appeler nobles aspirations populaires. »

Socialism

« Le progressiste gagne toujours et le réactionnaire a toujours raison.

Avoir raison en politique ne consiste pas à occuper le devant de la scène, mais à annoncer dès le premier acte les cadavres du cinquième. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #353, p. 71

« Les gens de gauche ne sont pas les représentants des pauvres, mais les délégués des idées pauvres. »

« Les idéologies ont été inventées pour que celui qui ne pense pas puisse donner son opinion. »

« On appelle communiste celui qui lutte pour que l’État lui assure une existence bourgeoise. »

« Le gauchiste se refuse absolument à comprendre que les conclusions de la pensée bourgeoise sont les principes de la pensée de gauche. »

« Rien ne guérit le progressiste. Pas même les fréquentes paniques que lui flanque le progrès. »

« L’avenir dont rêvent les progressistes est encore plus repoussant que celui qu’involontairement ils préparent. »

« Plutôt qu’une stratégie idéologique, la gauche est une tactique lexicographique. »

« Le gauchiste hurle à la mort de la liberté quand ses victimes refusent de financer leur propre assassinat. »

« Le prêchi-prêcha progressiste nous a pervertis à un tel point qu personne ne croit être celui qu’il est, mais celui qu’il n’a pas réussi à être. »

« L’homme de gauche se préoccupe autant des problèmes du XIXème siècle qu’il reste indifférent à ceux du XXème. »

« La pensée du marxiste se fossilise avec le temps ; celle de l’homme de gauche devient spongieuse et flasque. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Carnets d'un vaincu [Sucesivos escolios a un texto implicito], traduit de l’espagnol par Alexandra Templier, L’Arche, 2009, p. 10

« Je ne comprends pas comment on peut être de gauche au sein du monde moderne où tout le monde est plus ou moins de gauche. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Carnets d'un vaincu [Sucesivos escolios a un texto implicito], traduit de l’espagnol par Alexandra Templier, L’Arche, 2009, p. 84

« Pour le progressiste moderne, la nostalgie constitue l’hérésie suprême. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Carnets d'un vaincu [Sucesivos escolios a un texto implicito], traduit de l’espagnol par Alexandra Templier, L’Arche, 2009, p. 89

« Être de gauche c’est croire que les présages de catastrophe sont augures de prospérité. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Carnets d'un vaincu [Sucesivos escolios a un texto implicito], traduit de l’espagnol par Alexandra Templier, L’Arche, 2009, p. 133

« Les marxistes donnent une définition économique de la bourgeoisie pour occulter leur appartenance à celle-ci. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #38, p. 27

« Dans la société médiévale la société est l’État ; dans la société bourgeoise État et société s’affrontent ; dans la société communiste l’État est la société. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #98, p. 36

« L'adhésion au communisme est le rite qui permet à l'intellectuel bourgeois d'exorciser sa mauvaise conscience sans abjurer sa condition de bourgeois. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #515, p. 95

« Dieu une fois mort, les pauvres titans en sont réduits à entreprendre l'urbanisation de la terre. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #529, p. 97

Civilization

"Violence is not necessary to destroy a civilization. Each civilization dies from indifference to the unique values which created it."

« La violence ne suffit pas pour détruire une civilisation.
Chaque civilisation meurt de notre indifférence devant les valeurs particulières sur lesquelles elle est fondée. »
  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #234, p. 55

« N’espérons pas que la civilisation renaisse tant que l’homme ne se sentira pas humilié de se consacrer corps et âme à des tâches économiques. »

« Les civilisations sont l’écho de ces rares instants où l’homme n’assume que ce qu’il se sent prêt à assumer éternellement. »

« Les activités supérieures de l’esprit paraissent toujours parasitaires aux yeux du sot.

Le degré de civilisation d’une société se mesure au nombre de parasites qu’elle tolère. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #796, p. 137

« La civilisation n'est pas suite interminable d'inventions, mais devoir d'assurer la pérennité de certaines choses. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #798, p. 137

History

"lt seems the past has left no heirs."

« Il semble que le passé n’ait pas laissé d’héritiers. »

« Les nations actuelles ne sont pas des peuples, mais des sécessions victorieuses de la plèbe. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Le Réactionnaire authentique, éd. Le Rocher, coll. Anatolia, 2005 (ISBN 2-268-05300-8), p. 37

« Au lieu de la noblesse héréditaire, d'abord la ploutocratie bourgeoise, puis la police socialiste. L'histoire nous sert des plats peu ragoûtants, quand nous commandons des réalités à la place des vieilles fictions. »

« Les projets de l’homme manquent d’intérêt. Seule l’histoire est intéressante. C'est-à-dire : ce que Dieu fait des projets des hommes. »

Truth

"As long as they do not take him seriously, the man who says the truth can live for a while in a democracy. Then, the hemlock."

« Aussi longtemps qu’on ne le prend pas au sérieux, celui qui dit la vérité peut survivre dans une démocratie. Ensuite, la cigüe. »

« La vérité n'est pas relative. Ce sont les opinions sur la vérité qui sont relatives. »

"I do not belong to a world that is passing away.
I prolong and transmit a truth that does not die."

« Je n’appartiens pas à un monde qui disparaît. Je prolonge et je transmets une vérité qui ne meurt jamais. »

Human nature

« La vénération de l’humanité est répugnante, comme tout culte de soi-même. »

« "Dignité de l’homme", "grandeur de l’homme", "droits de l’homme", etc. ; hémorragie verbale que la simple vue de notre visage, le matin dans le miroir, quand nous nous rasons, devrait tarir aussitôt. »

« Les trois ennemis de l’homme sont : le démon, l’État et la technique. »

« La dignité de l’homme réside en la soumission qui le libère. »

« L’homme n’a pas la même densité à toutes les époques. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Carnets d'un vaincu [Sucesivos escolios a un texto implicito], traduit de l’espagnol par Alexandra Templier, L’Arche, 2009, p. 46

Perversion

« Le bourgeois d’hier se pardonnait tout si sa conduite sexuelle était stricte. Celui d’aujourd’hui se pardonne tout si elle est relâchée. »

« Il a été donné à ce siècle d’inventer le pédantisme de l’obscénité. »

« La sagesse, en ce siècle, consiste avant tout à savoir supporter la vulgarité sans se mettre en rage. »

« Après avoir discrédité la vertu, ce siècle a réussi à discréditer les vices.

Les perversions sont devenues des parcs d'attractions que fréquentent en famille les foules du dimanche. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #60, p. 30

Science

« L’imbécile vibre d’enthousiasme quand la science dérobe quelques bribes insignifiantes à l’ombre impassible. »

« La science nous trompe de trois manières : en transformant ses propositions en normes, en divulguant ses résultats plutôt que ses méthodes, en passant sous silence ses limitations épistémologiques. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, éd. Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 9782268044675), #68, p. 32

Morality

« L’éthique doit être l’esthétique du comportement. »

« Pour punir une idée, les dieux la condamnent à enthousiasmer les imbéciles. »

Love

« L’amour est une transmutation du champ érotique, qui se produit quand il y a un déséquilibre entre ses pôles. Entre égaux, on ne fait que copuler. »

« L’amour païen et l’amour romantique sont aussi innocents l’un que l’autre ; seule est dépravée la sexualité satisfaite et hygiénique entre égaux. »

Race

« Le raciste s’exaspère, parce qu’il soupçonne en secret que les races sont égales ; l’anti-raciste aussi, parce qu’en secret, il soupçonne qu’elles ne le sont pas. »

« Si la conjoncture ne l’y contrait pas, aucun juif n’est radicalement de gauche.

Le peuple qui a découvert l’absolutisme divin ne saurait pactiser avec l’absolutisme de l’homme. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Carnets d'un vaincu [Sucesivos escolios a un texto implicito], traduit de l’espagnol par Alexandra Templier, L’Arche, 2009, p. 27

Miscellaneous

« Le mot tolérance désigne parfois la compassion du fort, plus souvent la couardise du lâche. »

« Tolérer ne doit pas consister à oublier que ce qu'on tolère ne mérite que de la tolérance. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Le Réactionnaire authentique, éd. Le Rocher, coll. Anatolia, 2005 (ISBN 2-268-05300-8), p. 56

« L'homme cultivé a le devoir d'être intolérant. »

"Faith is what allows us to wander astray into any idea without losing the way out."

« La foi, c’est ce qui nous permet de nous égarer dans n’importe quelle idée, sans perdre de vue le chemin du retour. »

« La lenteur est la matrice de la qualité. Faire tout avec lenteur. »

« Rien de plus dangereux que de heurter les préjugés de qui affirme en avoir aucun. »

« Apprendre que les biens les plus précieux sont les moins rares demande un long apprentissage. »

« Jamais l’humanité ne s’est plus laidement habillée qu’en ces temps de liberté vestimentaire. Les seuls vêtements décents pour l’homme sont les costumes traditionnels ou les uniformes. »

« L’asphalte des villes ne produit que des démocrates, des bureaucrates et des putains. »

« Il y a deux sortes de niais :

Ceux qui "veulent être comme les autres",

Ceux qui "ne veulent pas être comme les autres". »

« Mûrir ne consiste pas à renoncer à nos aspirations, mais à admettre que le monde n’est pas obligé d’y satisfaire. »

« L’inintelligible est la région où l’âme, enfin, respire. »

« Les choses ne sont pas muettes. Simplement elles choisissent leurs auditeurs. »

"Reason, Progress, and Justice are the three theological virtues of the fool."

« Raison, Progrès, Justice, voilà les trois vertus théologales des imbéciles. »

« Seul l’homme intelligent et le sot savent être sédentaires.

La médiocrité est inquiète et voyage. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Carnets d'un vaincu [Sucesivos escolios a un texto implicito], traduit de l’espagnol par Alexandra Templier, L’Arche, 2009, p. 19

« Intérioriser n’est pas passer de la transcendance à l’immanence mais de l’extériorité à la transcendance. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Carnets d'un vaincu [Sucesivos escolios a un texto implicito], traduit de l’espagnol par Alexandra Templier, L’Arche, 2009, p. 106

« Tout charlatanisme débute par l’abus innocent d’une métaphore. »

  • Nicolás Gómez Dávila, Carnets d'un vaincu [Sucesivos escolios a un texto implicito], traduit de l’espagnol par Alexandra Templier, L’Arche, 2009, p. 116

« Seule l'épée et la faux procurent une fortune sans tache. »

« La prose de César est la voix même du patriciat: dure, simple, lucide. L'aristocratie n'est pas un ramassis de titres clinquants, mais une voix coupante. »

« Le vulgaire respecte l'excellence, mais ne s'enthousiasme que pour la médiocrité. »

"I am like the people: luxury does not upset me except in unworthy hands."

« Je suis comme le peuple : le luxe ne m'indigne que dans des mains indignes. »

« Le récit intelligent de la défaite est la subtile victoire du vaincu. »

Quotes about Nicolás Gómez Dávila

« Si je n'étais pas communiste, je penserais en tout et pour tout comme lui. »

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