Ligne 88 : Ligne 88 :
 
|ISBN=9782367250373
 
|ISBN=9782367250373
 
|page=77
 
|page=77
 +
}}
 +
 +
« D’où nous vient, en effet, cette conception de la liberté ? Elle nous vient, au fond, — ou du moins elle a été plus largement socialisée par lui dans le monde moderne — du capitalisme. L’ordre économique ancien reflétait, avant 89, l’ordre religieux et métaphysique, dont l’ordre royal lui-même n’était qu’un reflet. L’industrie n’avait pas le droit d’innover en dehors des règlements ; il fallait une permission royale. Le capitalisme ne put pas longtemps supporter de telles gênes ; il lui fallut la liberté, c’est-à-dire, précisément, le droit d’innover en dehors de tout règlement, de toute police, de tout ordre royal ou autre. La liberté est fille de l’industrie, qui sans cesse innove, invente, cherche du nouveau. »
 +
{{Réf Livre
 +
|auteur=Édouard Berth
 +
|titre=Les Méfaits des intellectuels
 +
|année d'origine=1914
 +
|éditeur=Kontre Kulture
 +
|année=2013
 +
|ISBN=9782367250373
 +
|page=99
 
}}
 
}}
  

Version du 5 mars 2019 à 12:37

Édouard Berth.jpg

Citationes

« L’abstraction libertaire n’est nullement [...] génératrice de liberté réelle. »

— Édouard Berth, Les Méfaits des intellectuels (1914), éd. Kontre Kulture, 2013 (ISBN 9782367250373), p. 36-37


« La bourgeoisie, à proprement parler, n’a pas d’idée sociale ; le régime social bourgeois, c'est l’anarchie pure et simple ; il n’y a plus de cité ; le caractère social des actes n'apparaît plus ; aucun principe supérieur et idéal ne vient plus tirer les individus hors du cercle étroit de leur vision égoïste. C’est que l’idée sociale ne peut guère revêtir que deux formes : elle est militaire ou ouvrière ; elle ne peut être bourgeoise. »

— Édouard Berth, Les Méfaits des intellectuels (1914), éd. Kontre Kulture, 2013 (ISBN 9782367250373), p. 43


« Ces messieurs, en effet, ne pensent nullement, avec Proudhon, que le guerrier soit l’idéal de la dignité virile ; tous ces “femmelins”, en raison même de leur féminisme essentiel et de leur impuissance, détestent a priori ce qu’ils se sentent bien incapables d’avoir ou d’acquérir : la force, la loyauté, la droiture, le sentiment de l'honneur du soldat, eux les fourbes et les tortueux, qui préfèrent toujours les voies obliques et les moyens détournés d’arriver à la puissance, et qui, boursicotiers sur la foire aux Idées, sont comme leurs compères, les boursicotiers de la Bourse, complètement dénués du sentiment de l’Honneur et voués éternellement à la Ruse, cette arme des faibles. »

— Édouard Berth, Les Méfaits des intellectuels (1914), éd. Kontre Kulture, 2013 (ISBN 9782367250373), p. 49


« [...] tout le XVIIIe siècle, ce siècle “spirituel et plat, avec un fond canaille” sera libertin et déjà pornographique ; c’est le commencement du mercantilisme littéraire ; les gens de lettres font fortune avec leurs écrits, ils prétendent arriver à l’indépendance par l’argent, et, soumis à l’opinion, qu’il faut flatter pour régner, ils écrivent des ordures : la royauté de Voltaire devait aboutir à l’“empire pornocratique” de Zola ! Bancocratie et pornocratie ont toujours été de pair. »

— Édouard Berth, Les Méfaits des intellectuels (1914), éd. Kontre Kulture, 2013 (ISBN 9782367250373), p. 51


« Il est étonnant comme les Juifs aiment l’Art, comme ils reniflent avec cette sensualité particulière à leur race tout ce qui est artistique : Juifs de musique, Juifs de théâtre, Juifs de restauration gothique et d’almanachs des Galeries Lafayette, ils sont tous très artistes, très raffinés et très dilettantes : et l’on conçoit qu'un Gohier, en qui revit toute la rude et mâle franchise d'un Proudhon, leur paraisse un rustre et un “salaud” ! »

— Édouard Berth, Les Méfaits des intellectuels (1914), éd. Kontre Kulture, 2013 (ISBN 9782367250373), p. 54


« [...] l’aristocratie véritable, je l’ai déjà dit, n’est nullement constituée par des qualités purement intellectuelles ; elle est guerrière et héroïque, elle est traditionnelle, elle est historique ; elle s’appuie sur des réalités charnelles, le sang, l’hérédité physique, la race : rien de plus anti-intellectuel qu’une aristocratie digne de ce nom ; et ce qui, historiquement, perd les aristocraties, c’est précisément lorsque le noble, quittant la Terre pour la Ville et la Cour, et passant du régime de la guerre à celui du spectacle, devient un intellectuel, un bel-esprit, comme au XVIIIe siècle ; il se mue alors en un “démocrate” qui, perdant le sens de réalités traditionnelles, se trouve à la merci de toutes les billevesées et nués idéologiques des sociétés en décadence. Au surplus, l’aristocratie véritable n’éprouve nullement pour le peuple ce mépris transcendantal, que nous découvrons toujours chez l’Intellectuel : au contraire, entre le peuple et l’aristocratie, il y a une véritable confraternité et intelligence réciproques. C’est lorsque le noble devient un intellectuel et un parasite, que l’on voit se creuser entre lui et le peuple ce fossé de haine et de mésintelligence qui aboutit aux “aristocrates à la lanterne” de la Révolution. La démocratie est, au contraire, profondément intellectualiste : antitraditionnelle, antiphysique, comme dirait Rabelais, antiréaliste, idéaliste échevelée, elle ne veut connaître que des “esprits purs”, détachés de tout lien historique et naturel, planant au-dessus du Temps et de l’Espace, perdus dans la contemplation des Idées claire et distinctes. Et faut-il s’étonner que cette démocratie n’ait rien de populaire ? Qu’y a-t-il, en effet, de moins accessible au peuple que cet idéalisme transcendantal ? Le peuple, comme l’aristocratie, est une réalité historique, une réalité charnelle ; ce n’est pas l’Idée pure qui le constitue, mais le sang, mais des traditions, mais la race, toutes choses physiques et non intellectuelles. La démocratie intellectualiste moderne, telle que notre Sorbonne l’incarne avec son rationalisme cartésien et encyclopédiste, est, comme Proudhon l’avait bien vue, une “aristocratie déguisée”, et, je le répète, la plus dure, la plus néfaste, la plus ruineuse des aristocraties ; car elle est la Pédantocratie et le Mandarinat de gens inaptes à la Guerre comme au Travail et dont le règne ne peut aboutir qu’à la ruine de la Patrie comme de la Production. »

— Édouard Berth, Les Méfaits des intellectuels (1914), éd. Kontre Kulture, 2013 (ISBN 9782367250373), p. 58-59


« [...] les Intellectuels, tous ceux qu’on pourrait appeler les bureaucrates de la pensée, et qui prétendent substituer à la souple et vivante réalité le formalisme raide de règlements administratifs. »

— Édouard Berth, Les Méfaits des intellectuels (1914), éd. Kontre Kulture, 2013 (ISBN 9782367250373), p. 63


« [...] nos intellectuels ne comprennent naturellement pas plus la grève que la guerre ; pacifistes sociaux, comme ils sont pacifistes internationaux, ils rêvent d’arbitrage obligatoire : pourquoi, en effet, au lieu de combattre, ne pas raisonner, négocier, transiger ? La grève est une perte de temps, de forces, d’argent : pourquoi tout ce gaspillage, quand on peut par la dialectique de la Raison pure obtenir les mêmes résultats ! »

— Édouard Berth, Les Méfaits des intellectuels (1914), éd. Kontre Kulture, 2013 (ISBN 9782367250373), p. 77


« D’où nous vient, en effet, cette conception de la liberté ? Elle nous vient, au fond, — ou du moins elle a été plus largement socialisée par lui dans le monde moderne — du capitalisme. L’ordre économique ancien reflétait, avant 89, l’ordre religieux et métaphysique, dont l’ordre royal lui-même n’était qu’un reflet. L’industrie n’avait pas le droit d’innover en dehors des règlements ; il fallait une permission royale. Le capitalisme ne put pas longtemps supporter de telles gênes ; il lui fallut la liberté, c’est-à-dire, précisément, le droit d’innover en dehors de tout règlement, de toute police, de tout ordre royal ou autre. La liberté est fille de l’industrie, qui sans cesse innove, invente, cherche du nouveau. »

— Édouard Berth, Les Méfaits des intellectuels (1914), éd. Kontre Kulture, 2013 (ISBN 9782367250373), p. 99


« La démocratie, on l’a dit bien souvent, ne connaît que l’individu, l’individu abstrait, la monade individuelle ; la société démocratique n'est que la juxtaposition de ces unités individuelles abstraites que sont les citoyens ; et le suffrage universel n’est que le moyen d’en faire la sommation. »

— Édouard Berth, Les Méfaits des intellectuels (1914), éd. Kontre Kulture, 2013 (ISBN 9782367250373), p. 173


« [...] c’est ainsi qu’en réalité la démocratie conçoit la liberté : c’est la liberté de la monade ou, si l’on aime mieux, la liberté d’Épicure, retiré du monde, dans la paix de son égoïste et solitaire ataraxie, loin des soucis et des tracas de la vie publique, libre et souverain dans sa solitude et son néant. »

— Édouard Berth, Les Méfaits des intellectuels (1914), éd. Kontre Kulture, 2013 (ISBN 9782367250373), p. 178


Bibliographia

Modèle:Amazon

Modèle:Facebook