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Citationes

« Maintenant, tout est dit. [...] Désormais, les événements se font tout seuls. On est entré dans une période géologique de l’histoire, qui peut se caractériser aussi bien par des effondrements subits que par des engourdissements infinis, tandis qu’une réalité inconnue monte lentement vers la surface des choses. Tout se tient, aucun problème ne peut plus être encadré, étudié, résolu isolément par l’esprit. [...] Le désastre de l’homme s’étend à toute la terre. [...] Où nous avions voulu fonder un ordre, un abîme s’ouvre. Il arrive ce que nous nous étions expressément proposé d’éviter : le monde tombe dans le chaos. »

— Abel Bonnard, « Testament politique » (1962), dans Abel Bonnard ou l’aventure inachevée, éd. Avalon, 1987, p. 359-360


« Le Destin n’attend pas : dans la vie des nations comme dans celle des individus, il n’y a que de rares moments de choix, dont il faut reconnaître l’insigne importance, si l’on veut profiter pleinement des chances qu’ils nous offrent. L’Occasion est une déesse qui ne s’assied pas. »

— Abel Bonnard, « Pensées dans l’action » (7 décembre 1940), dans Inédits politiques, éd. Avalon, 1987, p. 246


« Leur rôle est immense en histoire. Ce sont les introducteurs des catastrophes : ils ont, en annonçant le Progrès, ouvert la porte au Désastre. Les libéraux sont les personnages les plus vaniteux de l’histoire. Ils veulent que la politique soit un débat et non un combat. »

— Abel Bonnard, Les Modérés (1936), éd. Grasset, 1936, p. 158


« Le premier réalisme, en politique, est de connaître les démons qui sont cachés dans les mots. [...] La France est le pays où l’on a peur des mots, comme dans d’autres on a peur des fantômes : en face de ceux qui servent d’épouvantails, il y a ceux qui servent d’appâts. »

— Abel Bonnard, Les Modérés (1936), éd. Grasset, 1936, p. 
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« L’individu, c’est le dernier produit d’une société qui devient stérile, c’est l’être humain tombé de la plénitude de l’homme dans l’exiguïté du Moi, c’est le nain arrogant, l’avorton prétentieux qui, toujours content de soi, n’est jamais content des autres, qui, restant toujours isolé sans être capable de vivre seul, à la fois dissident et dépendant, est l’atome d’une foule au lieu d’être l’élément d’un peuple. L’individu vit perpétuellement dans un état de désertion sociale. Il prétend être entretenu par une société qu’il n’entretient pas, il demande sans apporter, il voudrait tout recevoir sans rien donner et, dans une société décomposée, il représente un abaissement et une déchéance qui se retrouvent à travers toutes les classes. »

— Abel Bonnard, Inédits politiques, éd. Avalon, 1987, p. 183-184


Les modérés « sont les restes d’une société »

— Abel Bonnard, Les Modérés (1936), éd. Grasset, 1936, p. 


« L’ordre est le nom social de la beauté. »

— Abel Bonnard, Les Modérés (1936), éd. Grasset, 1936, p. 263


« Parmi toutes les causes de faiblesse qui affectent l’action des nations blanches, la plus profonde, de beaucoup, est de n’avoir pas de doctrine. [...] C’est seulement lorsqu’il se sera refait une doctrine qu’il sera, à la fois, plus noble et plus fort. »

— Abel Bonnard, En Chine (1924), éd. Fayard, 1924, p. 278-340


« Le malheur de la République est d'être née dans la haine : elle date du moment où la France s'est divisée. Elle ne pourra jamais devenir sincèrement un régime d'amitié ; elle ne pourra jamais faire ce qui était si naturel à la monarchie, de prendre la France entière dans ses bras. »

— Abel Bonnard, Les Modérés (1936), éd. Grasset, 1936, p. 64-65


« La France est le seul pays où la nation ait en permanence son gouvernement contre soi, le seul où une guerre sinistre et grotesque ait été déclarée à Dieu, le seul où l’ordre ne subsiste que par survivance, sans être jamais soutenu ni fortifié, le seul où l’enseignement officiel n’ait pas d’autre tâche que de détruire obstinément tout ce qu’il devrait conserver, et dérobe à la nation la connaissance de sa propre grandeur. La République est le seul régime où rien de sublime, ni seulement d’honnête, n’est donné en aliment à un peuple dont l’âme est à jeun ; c’est le seul régime qui, pressé de tous côtés par les choses, ne parle jamais un langage qui leur réponde, le seul où les problèmes les plus importants ne puissent pas être résolus, ni même posés, parce que l’intérêt du parti régnant entretient partout des fictions qui séparent la nation du réel. »

— Abel Bonnard, Les Modérés (1936), éd. Grasset, 1936, p. 61-62
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« Les Noirs ont toujours eu beaucoup d’action sur les Blancs, là où les deux races se sont rencontrées. La chose nouvelle, c’est l’abdication de la race blanche ; c’est de la voir aujourd’hui tout entière s’éprendre des Noirs, chercher en eux des professeurs et des guides, les appeler où ils ne sont point, et donner ce coeur d’onyx au diamant des capitales modernes. Cet engouement s’explique par plus d’une raison. D’abord, au moment où une sinistre uniformité s’étend sur le monde, la dernière variété qui subsiste, quand toutes celles des costumes se sont évanouies, c’est la couleur de leurs peaux. Le Noir nous plaît parce que lui seul est encore, ostensiblement, autre que nous-­mêmes. Mais l’attrait qu’il exerce a des causes plus profondes. Las d’un verbiage incessant, excédés de vie sociale, acca­blés, alors même qu’ils sont personnelle­ment incultes, du poids de civilisation qui pèse sur eux, les Blancs, aujourd’hui, as­pirent à ne plus être des individus isolés, à retourner vers les origines, à se retrem­per dans une vie ingénue, où ils n’aient plus besoin de fabriquer leur bonheur. C’est alors que les Noirs les fascinent. Qu’il y ait beaucoup d’illusion dans l’idée qu’on se forme d’eux, cela ne fait pas de doute. Quoi que des savants, pour la com­modité de leurs études, aient pu décréter, les Sauvages ne sont rien moins que des primitifs. Ils ont eu beau se cacher sous leurs épaisses forêts, le temps, pour eux non plus, n’a pas passé vainement. Ils ont leur histoire informe. Ils sont vieux, eux aussi, quoiqu’autrement que nous, et leurs usages où nous voulons retrouver un reste des premiers âges ne sont souvent qu’un ramassis de superstitions décrépites. Les obligations qui ligotent les habitants des petites villes ne sont pas plus gênantes que toutes celles auxquelles un Sauvage est assujetti. Cependant il est bien vrai que ces Noirs ont gardé avec la nature des liens que les Blancs n’ont plus, et, en ce sens, l’attrait qu’ils exercent sur l’homme des villes est justifié. Dans les rapports qui s’établissent entre eux et nous, on peut distinguer deux tendances contraires. D’une part, il se trouve encore des gens, chimériques ou intéressés, dont, par malheur pour nous, le plus grand nombre est en France, pour tirer des idées du XVIIIe siècle une dernière fanfare : "Ap­prochez, frères noirs, tous les hommes se valent. C’est en vain que la nature a pris le soin de vous badigeonner d’une autre couleur que la nôtre, qu’elle vous a fait d’autres traits, et que la façon même dont vous avez usé des siècles qui nous ont été donnés aux uns comme aux autres atteste encore cette différence ; nous méprisons ces faibles indices pour vous convier à l’égalité. Venez vous as­seoir à notre festin, venez être nos pa­reils." Cependant une autre voix, sourde mais bien plus sincère, s’échappe en même temps de la race blanche : "Non, vous n’êtes pas comme nous, et bienheureux en cela, car vous avez part encore à des fêtes où nous ne sommes plus admis. Ne bougez pas d’où vous êtes. C’est nous qui redescendons vers vous, pour retrou­ver un bonheur qui ne soit plus gêné par la conscience". Ainsi, tandis que les Noirs montent vers les Blancs par le chemin des paroles, les Blancs descendent vers les Noirs par le chemin de la danse. Danser, en effet, c’est retrouver son corps, c’est se soustraire à la tyrannie de la tête, pour redescendre dans ses membres, c’est rendre à ces membres, que le cerveau a domestiqués, une vie libre, souple, dé­nouée, heureuse. Mais dans ces rappro­chements des deux races, l’une et l’autre sont trompées. Tandis que les Noirs croient en vain qu’ils se sont emparés de nos idées parce qu’ils nous en ont pris le vo­cabulaire, les Blancs qui veulent échap­per à leur esprit, pour se replonger dans quelque chose de frais et d’originel, ne font que se renier sans récompense. Il ne suffit pas de répudier la civilisation pour retrouver la sauvagerie. Il y a une sorte de désespoir dans l’effort que font tant de nos contemporains : pris et enfermés dans des villes dont les lumières hérissées repoussent le clair de lune, séparés par les machines du peuple des bêtes, traver­sés à chaque instant par des secousses électriques, disputés par mille besognes, sans jamais goûter la paix d’un travail réel, privés de repos, privés de si­lence, écrasés sous le poids des bibliothèques et les trésors des musées, ils rê­vent à la hutte et à la caverne, aux pre­miers trépignements, aux jouissances las­cives d’une vie informe. Mais ils fuient la conscience sans retrouver les instincts ; ils restent perdus et égarés entre la société et la nature ; ils errent hors des jardins et des parcs, sans rentrer dans la forêt primitive ; ils font la bête, enfin, sans re­devenir l’animal. Ces candidats à la sau­vagerie ne sont pas reçus. Ces danseurs et ces danseuses se trémoussent en vain, leur épilepsie mécanique ne veut plus rien dire. Tout finit dans une mystification où seul est certain l’abaissement de l’hu­manité. Les nègres ne nous volent pas ce que nous avons dans la tête, et nous ne leur dérobons point le secret de la vie du corps. Ils n’obtiennent pas ce que nous leur avons promis et nous ne leur prenons pas ce que nous leur avons envié. Le vrai triomphateur, ce n’est pas le Noir qui, dans une Sorbonne, obtient par son bavardage un diplôme fallacieux, c’est celui qui, béat, glorieux, au bruit de l’or­chestre, au milieu des danses, pose, comme la marque d’un maître, sa large main sur le dos d’une blonde asservie. »

— Abel Bonnard, Océan et Brésil (1929), éd. Flammarion, coll. « La Rose des vents », 1929, p. 


« Ainsi des formes sociales aujourd'hui détruites nous encombrent encore des façons d'être qu'elles ont créées; ainsi quantité de Français nous paraissent tour à tour n'avoir pas l'âme assez forte pour agir dans le drame où ils sont jetés, et n'avoir pas l'esprit assez simple pour l'apercevoir. Cette impossibilité d'aller à l'important et au principal, cette curiosité volage pour toutes les idées qui n'est que l'incapacité d'en retenir fortement aucune, cette frivolité qui espère encore s'amuser des événements dont elle s'effraye, cette parodie de l'esprit de finesse qui donne une furieuse envie de retrouver l'esprit d'épaisseur, cette façon de faire la roue au bord de l'abîme, avant d'y tomber, cette rage de paraître jusqu'au moment où l'on disparaît, tous ces défauts, misérables parce qu'on y sent à la fois l'insuffisance de la personne et la suffisance de l'individu, ce sont, dans une nation que le destin somme de renaître, les dernières expressions d'une société qui meurt. »

— Abel Bonnard, Les Modérés (1936), éd. Grasset, 1936, p. 114-115


« C'est ainsi qu'Aristote et saint Thomas se répondent, que Cicéron pourrait converser avec Lavoisier, que les plus nobles des Croisés et des Musulmans se renvoient les mêmes rayons de chevalerie, qu'un jésuite français et un sage chinois, produits par deux mondes presque sans rapports, se trouvent néanmoins face à face sur le même plan. Ces fraternités involontaires, au bout d'efforts séparés, cette rencontre suprême de ceux qui ne se sont pas cherchés, voilà, sans doute, ce que notre espèce peut offrir de plus beau ; si le mot d'humanité a un sens, c'est quand il tremble comme une lueur autour de cette réunion de quelques hommes. »

— Abel Bonnard, Les Modérés (1936), éd. Grasset, 1936, p. 34


« Ainsi cette Révolution n'est pas une chose faite une fois pour toutes, qui assure des droits égaux à tous les Français ; c'est un drame qui se continue, l'effort d'un monde qui en veut remplacer un autre, et le misérable rallié, qui se croyait quitte, s'aperçoit qu'il ne se sera jamais suffisamment renié, tant qu'il ne se sera pas tout à fait détruit. »

— Abel Bonnard, Les Modérés (1936), éd. Grasset, 1936, p. 56-57


« Un réactionnaire [...] c'est un homme qui refuse de devenir un individu. »

— Abel Bonnard, Les Modérés (1936), éd. Grasset, 1936, p. 118


« [...] le modéré a toujours trop de paroles, et le réactionnaire n'en a pas assez ; le premier, béat, disert, important, raisonne à perte d'haleine ; le second, irrité de la niaiserie de son contradicteur et s'en voulant à soi-même de ne pas savoir mieux défendre le monde de noblesse dont il sent la poussée en soi, rougit, gronde, s'indigne, et laisse finalement à son futile adversaire toutes les apparences de la victoire. Mais c'est pour avoir vu des hommes de cette sorte dans cet embarras que je leur ai voué une amitié qui ne se démentira point et que je me suis promis de parler pour eux, s'ils ne trouvaient pas leurs paroles. »

— Abel Bonnard, Les Modérés (1936), éd. Grasset, 1936, p. 120


« Dans ce monde où rien ne reste authentique, l'étalage des beaux sentiments devient quelque chose de plus ignoble encore que l'obscénité des plus laids [...]. »

— Abel Bonnard, Les Modérés (1936), éd. Grasset, 1936, p. 170
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« Quand une société qui ne vit plus que par survivance se désagrège en hommes épars, qui ne sont sauvés de leur pauvreté intérieure par aucun rapport avec un fonds commun à tous, sans terroir, sans religion, sans disciplines, fonctionnaires ennuyés de leur emploi, artisans dépris de leur métier, ouvriers qui n'aiment plus leur besogne et qui ont, trop souvent, une besogne qu'ils ne peuvent pas aimer, comment ces individus désintégrés pourraient-ils essayer de revivre autrement que par des opinions révolutionnaires ? Comment le grain de poussière rentrerait-il dans le drame universel, sinon par la turbulence des vents ? »

— Abel Bonnard, Les Modérés (1936), éd. Grasset, 1936, p. 175


« Maintenant nous pouvons comprendre la vraie fonction de nos amis : ils ne sont pas nos alliés dans la bataille des intérêts, mais ils le sont dans la bataille des caractères. Ils prennent la vie comme nous. De là vient que nous supportons aisément qu'ils aient d'autres idées que les nôtres. Outre que ces dissentiments intellectuels peuvent avoir une fin, notre ami se rangeant à notre opinion, ou nous à la sienne, ils ne touchent pas au fond des natures. Mais très libres de différer sur les grands sujets, nous avons absolument besoin d'être d'accord avec nos amis dans les petites choses. Car les natures se révèlent dans ces occasions imprévues, nous y pouvons tâter l'étoffe dont chaque homme est fait, et quand il s'agit de ceux que nous aimons, nous avons besoin de sentir que c'est de la soie. Qu'un de nos amis s'oppose à nous dans une question de philosophie ou d'art, cela nous procurera le plaisir de faire de belles armes ensemble. Mais qu'un homme soit dur avec un pauvre, grossier avec une femme, brutal avec un inférieur, quand même il nous aurait donné d'autre part toutes les approbations possibles, il n'est pas de notre race, nous n'avons rien de commun avec lui. Car si les amitiés se développent sur le plan de l'esprit, elles se forment ailleurs. »

— Abel Bonnard, L'Amitié (1928), éd. Hachette, 1928, p. 33-34


« Le sentiment qu'on trouve au fond de certaines amitiés, parmi les plus solides et les plus réelles, c'est l'avidité d'une âme qui, ne pouvant tout être à elle seule, veut s'augmenter de ce que sont les autres. Un homme médiocre ne saurait se concevoir une autre vie que celle qu'il a, et où il épuise tout ce qu'il est : il choisit donc ses amis parmi ses pareils. Dès qu'un homme arrive, au contraire, à une certaine richesse intérieure, il sent bien que ce qu'il a fait n'exprime pas toute sa nature et qu'il reste en lui, au-dessous des facultés qu'il discipline et qu'il organise, tout un fonds confus qui aurait pu fournir leur substance à des personnages qu'il n'aura pas portés jusqu'au jour. A ces fantômes de lui-même répondent les personnes de ses amis. C'est par eux qu'il se complète. Ils sont comme nos délégués et nos remplaçants à tous les genres d'activité que nous n'avons pu exercer et, quand nous nous trouvons dans leur compagnie, nous annexons leur expérience à la nôtre. Ainsi nous choisissons nos amis selon ce que nous sommes et selon ce que nous n'avons pas pu être, selon nos affinités et nos nostalgies. »

— Abel Bonnard, L'Amitié (1928), éd. Hachette, 1928, p. 45-46


« S'il y a chez les Français de tous les partis un préjugé abstrait en faveur des opinions révolutionnaires, il est confirmé par la prévention qu'on leur a inspirée en faveur des hommes de la Révolution : tant qu'ils prendront ces personnages pour de grands hommes, ils seront irréparablement séparés de toute grandeur, et comme ceux qui se trompent dans leurs admirations sont condamnés à s'égarer dans tout le reste, ils ne sauront même pas ce qui est noble, honnête ou sensé. Une nation qui veut vivre ne peut tirer de la Révolution française aucun principe de pensée ni de conduite [...]. »

— Abel Bonnard, Les Modérés (1936), éd. Grasset, 1936, p. 179


« [...] le romantisme nous a léguées, de croire que les révolutions sont favorables à la manifestation des plus fortes âmes : elles les étouffent au contraire [...]. Les révolutions sont les temps de l'humiliation de l'homme et les moments les plus matériels de l'histoire. Elles marquent moins la revanche des malheureux que celle des inférieurs. »

— Abel Bonnard, Les Modérés (1936), éd. Grasset, 1936, p. 180-181


« Les modérés sont des libéraux qui n'ont plus foi en eux-mêmes [...]. Ce qu'on reproche aux libéraux, ce n'est pas d'avoir aimé la liberté, mais de n'avoir pas discerné les conditions de son existence. Ils ont mal conçu le possible, parce qu'ils ont mal connue le réel. Convaincus qu'on pouvait désarmer le pouvoir, sans affaiblir l'ordre, ils n'ont pas vu que la société où ils épanouissaient leurs doctrines ne restait assez solide pour les abriter que parce qu'elle avait été construite sur des principes opposées aux leurs. Protégés par les remparts qu'ils allaient abattre, ils ont déployé leur suffisance entre un passé qu'ils condamnaient sans le comprendre, et un avenir qu'ils amenaient sans le prévoir ; ils ont fait la roue dans un entracte du drame. Sous prétexte d'assurer la plénitude de la liberté, ils ont ruiné les vieux régimes qui étaient assez pénétrés de civilisation pour garder le respect de la personne humaine, et favorisé l'irruption des forces élémentaires qui ne font plus d'elle aucun cas. »

— Abel Bonnard, Les Modérés (1936), éd. Grasset, 1936, p. 202-203


« Ce n'est point par la raison que les peuples se rattachent à la sagesse, mais par un ensemble de traditions saintes, d'usages, de mœurs [...]. »

— Abel Bonnard, Les Modérés (1936), éd. Grasset, 1936, p. 257
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« Un système politique n'est véritablement bon et excellent que lorsqu'en satisfaisant la raison, il déborde assez l'ordre rationnel pour permettre à ceux qu'il régit d'y manifester parfois leurs émotions les plus nobles, et de connaître en lui toute leur qualité d'hommes. »

— Abel Bonnard, Les Modérés (1936), éd. Grasset, 1936, p. 261


« [...] il s'agit pour tous de maintenir un système de profits, en dépit de la réalité qui l'étreint, et de nier les difficultés, jusqu'au moment où les désastres arrivent. Ainsi le régime parlementaire ne se perfectionne que pour s'isoler de toutes les questions qu'il devrait résoudre, le politicien devient le parasite d'une société et d'une nation qu'il détruit ou laisse détruire ; il vit de nous sans vivre pour nous et la démocratie à son comble offre ce contraste singulier, que tout le monde semble s'inquiéter du sort de l'État, et que personne ne s'en occupe : il y a de la politique partout, et il n'y a des politiques nulle part. »

— Abel Bonnard, Les Modérés (1936), éd. Grasset, 1936, p. 285


« Cette démagogie embourgeoisée ne pouvait durer que dans un pays dont une grande partie continuait à vivre hors d'elle ; à force d'étendre sa clientèle, les ressources lui font défaut pour l'entretenir ; la nation manque à ceux qui l'épuisent et la mort du malade interrompt la prospérité de la maladie. La République répugne aujourd'hui aux Français, sous un ciel noir [...]. »

— Abel Bonnard, Les Modérés (1936), éd. Grasset, 1936, p. 287


« Ces Français non pas nouveaux, mais renouvelés, remis, pour penser ou agir, en possession de toute leur valeur virile, c'est une question de savoir s'ils seront assez nombreux pour sauver leur pays en le refaisant [...]. »

— Abel Bonnard, Les Modérés (1936), éd. Grasset, 1936, p. 297-298
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Pierre Drieu La Rochelle, Robert Brasillach, Abel Bonnard, Paris, France, novembre 1941

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