Différences entre les versions de « Chers djihadistes... - Philippe Muray »

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'''Chers djihadistes''',
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L'Occident s'achève en bermuda [...] '''Craignez le courroux de l'homme en bermuda. Craignez la colère du consommateur, du voyageur, du touriste, du vacancier descendant de son camping-car !''' Vous nous imaginez vautrés dans des plaisirs et des loisirs qui nous ont ramollis. Eh bien, nous lutterons comme des lions pour protéger notre ramollissement. »
 
  
« La sortie de la croyance est un rude sentier dans lequel nous avons appris des choses que vous ne connaissez pas encore. Sur ce chemin incertain, nous avons acquis une confiance qui vous étonnera. La fureur que nous mettrons à vous résister vous stupéfiera. Craignez le courroux de l’homme en bermuda ! Craignez la colère du consommateur, du voyageur, du touriste, du vacancier descendant de son camping-car ! Vous nous imaginez vautrés dans des plaisirs et des loisirs qui nous ont ramollis. Eh bien nous lutterons comme des lions pour protéger notre ramollissement. »
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Chers djihadistes, toutes ces réflex­ions aussi brèves que super­fi­cielles n’avaient pour but que de vous faire savoir où vous met­tez les pieds. Et, une fois encore, de vous aver­tir que nous vain­crons parce que nous sommes les plus faibles.
  
Nous nous battrons pied à pied, mètre par mètre et minute par minute.
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Craignez la fureur des mou­tons ! Craignez la colère des bre­bis enragés !
  
Nous nous battrons.
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Vous voulez notre peau, mais sachez que nous nous bat­trons jusqu’au dernier et que si par mal­heur vous tri­om­phiez ce ne serait que sur des mon­ceaux de cadavres comme vous ne pou­vez pas en imag­iner et qui, même à vous, soulèveraient le cœur et sup­primeraient jusqu’à l’envie de jouir de votre triomphe.
  
Nous nous battrons pour tout, pour les mots qui n’ont plus de sens et pour la vie qui va avec.
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Mais vous ne tri­om­pherez pas. [...] La déter­mi­na­tion, certes, et surtout la foi, sem­blent dans votre camp. Mais il n’est pas dit que la foi, dans le com­bat qui s’engage, soit meilleure con­seil­lère que notre défini­tive inca­pac­ité à pren­dre au pied de la let­tre les fables de nos anci­ennes croy­ances. Vous vous endormez dans les délices du mar­tyre, mais il est plus facile de mourir pour un Dieu que de lui sur­vivre. La sor­tie de la croy­ance est un rude sen­tier dans laque­lle nous avons appris des choses que vous ne con­nais­sez pas encore. Sur ce chemin incer­tain, nous avons acquis une con­fi­ance qui vous éton­nera. La fureur que nous met­trons à vous résis­ter vous stupéfiera.
  
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'''Craignez le cour­roux de l’homme en bermuda ! Craignez la colère du con­som­ma­teur, du voyageur, du touriste, du vacancier descen­dant de son camping-car !''' Vous nous imag­inez vautrés dans des plaisirs et des loisirs qui nous ont ramol­lis ? '''Eh bien nous lut­terons comme des lions pour pro­téger notre ramollissement.'''
  
Nous nous battrons pour l’ordre mondial caritatif et les endroits où ça bouge bien.
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Nous nous bat­trons pied à pied, mètre par mètre et minute par minute.
  
Nous nous battrons pour la vie jeune et les arts alternatifs.
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Nous nous bat­trons.
  
Nous lutterons pour nos tour-opérateurs, pour nos compagnies aériennes, pour nos chaînes hôtelières, pour nos prestataires de service, pour nos pages Web et pour nos forfaits à prix coûtant.
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Nous nous bat­trons pour tout, pour les mots qui n’ont plus de sens et pour la vie qui va avec.
  
Nous lutterons pour le réchauffement de la Terre, pour la montée du niveau des mers, pour la réduction draconienne des émissions de gaz carbonique, pour toutes les catastrophes et pour tous les moyens de limiter l’impact de celles-ci.
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Nous nous bat­trons pour l’ordre mon­dial car­i­tatif et les endroits où ça bouge bien.
  
Nous nous battrons pour un millenium de n’importe quoi, pour les bateaux qui volent, pour la pilule d’éternité, pour les savants fous qui veulent cloner tout le monde et pour une opposition résolue à leurs sombres desseins.
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Nous nous bat­trons pour la vie jeune et les arts alternatifs.
  
Nous nous battrons pour nos communautés communautaristes, pour nos tribus tribales, pour nos
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Nous lut­terons pour nos tour-opérateurs, pour nos com­pag­nies aéri­ennes, pour nos chaînes hôtelières, pour nos prestataires de ser­vice, pour nos pages Web et pour nos for­faits à prix coû­tant.
revendicateurs revendicatifs et pour tous nos étudiants en rébellion qui valent de très loin vos étudiants en religion.
 
  
Nous nous battrons jusqu’au dernier pour aller de l’avant, bouger, changer, faire des projets.
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Nous lut­terons pour le réchauf­fe­ment de la Terre, pour la mon­tée du niveau des mers, pour le réduc­tion des émis­sions de gaz car­bonique, pour toutes les cat­a­stro­phes et pour tous les moyens de lim­iter l’impact de celles ci.
  
Nous nous battrons pour nos bébés prescripteurs et pour leur libre accès aux services culturels.
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Nous nous bat­trons pour un mil­le­nium de n’importe quoi, pour les bateaux qui volent, pour la pilule d’éternité, pour les savants fous qui veu­lent cloner tout le monde et pour une oppo­si­tion résolue à leurs som­bres des­seins.
  
Nous nous battrons pour nos grandes batailles pour la parité paritaire, pour la repentance repentatoire et pour la surveillance des écarts de langage.
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Nous nous bat­trons pour nos com­mu­nautés com­mu­nau­taristes, pour nos tribus trib­ales, pour nos reven­di­ca­teurs reven­di­cat­ifs et pour tous nos étu­di­ants en rébel­lion qui valent de très loin vos étu­di­ants en religion.
  
Nous nous battrons au nom de notre Dieu unique, qui a la forme d’un projecteur allumé sur un plateau de télévision.
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Nous nous bat­trons jusqu’au dernier pour bouger, changer, faire des pro­jets.
  
Nous nous battrons pour recommencer à nous déplacer sur nos roulettes sans arrière-pensées et sans pensées devant non plus.
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Nous nous bat­trons pour nos bébés pre­scrip­teurs et pour leur libre accès aux ser­vices cul­turels.
  
Nous nous ferons tailler en pièces pour la conservation et le développement de nos cellules d’urgence médicopsychiatrique.
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Nous nous bat­trons pour nos grandes batailles pour la par­ité par­i­taire, pour le repen­tance repen­ta­toire et pour la sur­veil­lance des écarts de langage.
  
Nous nous battrons sans fin parce que la fin est advenue depuis longtemps et que nous n’en gardons même pas la mémoire.
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Nous nous bat­trons pour recom­mencer à nous déplacer sur nos roulettes sans arrière-pensées et sans pen­sées devant non plus.
  
Nous nous battrons pour le plaisir d’avoir oublié jusqu’à notre propre fin.
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Nous nous fer­ons tailler en pièces pour la con­ser­va­tion et le développe­ment de nos cel­lules d’urgence médico-psychiatrique.
  
Nous nous battrons dans le sens du poil et dans le sens du vent.
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Nous nous bat­trons sans fin parce que la fin est adv­enue depuis longtemps et que nous n’en gar­dons même pas la mémoire.
  
Nous nous battrons pour la disparition du langage articulé.
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Nous nous bat­trons pour le plaisir d’avoir oublié jusqu’à notre pro­pre fin.
  
Nous nous battrons.
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Nous nous bat­trons dans le sens du poil et dans le sens du vent.
  
Et nous vaincrons. Bien évidemment. '''Parce que nous sommes les plus morts.'''
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Nous nous bat­trons pour la dis­pari­tion du lan­gage artic­ulé.
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Nous nous bat­trons.
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'''Et nous vain­crons. Bien évidem­ment. Parce que nous sommes les plus morts.'''
  
 
== Source ==
 
== Source ==

Version du 8 mai 2018 à 23:01


Philippe Muray, Chers djihadistes... (2002), éd. Mille et Une Nuits, 2002.


Chers djihadistes....jpg


Chers djihadistes, toutes ces réflex­ions aussi brèves que super­fi­cielles n’avaient pour but que de vous faire savoir où vous met­tez les pieds. Et, une fois encore, de vous aver­tir que nous vain­crons parce que nous sommes les plus faibles.

Craignez la fureur des mou­tons ! Craignez la colère des bre­bis enragés !

Vous voulez notre peau, mais sachez que nous nous bat­trons jusqu’au dernier et que si par mal­heur vous tri­om­phiez ce ne serait que sur des mon­ceaux de cadavres comme vous ne pou­vez pas en imag­iner et qui, même à vous, soulèveraient le cœur et sup­primeraient jusqu’à l’envie de jouir de votre triomphe.

Mais vous ne tri­om­pherez pas. [...] La déter­mi­na­tion, certes, et surtout la foi, sem­blent dans votre camp. Mais il n’est pas dit que la foi, dans le com­bat qui s’engage, soit meilleure con­seil­lère que notre défini­tive inca­pac­ité à pren­dre au pied de la let­tre les fables de nos anci­ennes croy­ances. Vous vous endormez dans les délices du mar­tyre, mais il est plus facile de mourir pour un Dieu que de lui sur­vivre. La sor­tie de la croy­ance est un rude sen­tier dans laque­lle nous avons appris des choses que vous ne con­nais­sez pas encore. Sur ce chemin incer­tain, nous avons acquis une con­fi­ance qui vous éton­nera. La fureur que nous met­trons à vous résis­ter vous stupéfiera.

Craignez le cour­roux de l’homme en bermuda ! Craignez la colère du con­som­ma­teur, du voyageur, du touriste, du vacancier descen­dant de son camping-car ! Vous nous imag­inez vautrés dans des plaisirs et des loisirs qui nous ont ramol­lis ? Eh bien nous lut­terons comme des lions pour pro­téger notre ramollissement.

Nous nous bat­trons pied à pied, mètre par mètre et minute par minute.

Nous nous bat­trons.

Nous nous bat­trons pour tout, pour les mots qui n’ont plus de sens et pour la vie qui va avec.

Nous nous bat­trons pour l’ordre mon­dial car­i­tatif et les endroits où ça bouge bien.

Nous nous bat­trons pour la vie jeune et les arts alternatifs.

Nous lut­terons pour nos tour-opérateurs, pour nos com­pag­nies aéri­ennes, pour nos chaînes hôtelières, pour nos prestataires de ser­vice, pour nos pages Web et pour nos for­faits à prix coû­tant.

Nous lut­terons pour le réchauf­fe­ment de la Terre, pour la mon­tée du niveau des mers, pour le réduc­tion des émis­sions de gaz car­bonique, pour toutes les cat­a­stro­phes et pour tous les moyens de lim­iter l’impact de celles ci.

Nous nous bat­trons pour un mil­le­nium de n’importe quoi, pour les bateaux qui volent, pour la pilule d’éternité, pour les savants fous qui veu­lent cloner tout le monde et pour une oppo­si­tion résolue à leurs som­bres des­seins.

Nous nous bat­trons pour nos com­mu­nautés com­mu­nau­taristes, pour nos tribus trib­ales, pour nos reven­di­ca­teurs reven­di­cat­ifs et pour tous nos étu­di­ants en rébel­lion qui valent de très loin vos étu­di­ants en religion.

Nous nous bat­trons jusqu’au dernier pour bouger, changer, faire des pro­jets.

Nous nous bat­trons pour nos bébés pre­scrip­teurs et pour leur libre accès aux ser­vices cul­turels.

Nous nous bat­trons pour nos grandes batailles pour la par­ité par­i­taire, pour le repen­tance repen­ta­toire et pour la sur­veil­lance des écarts de langage.

Nous nous bat­trons pour recom­mencer à nous déplacer sur nos roulettes sans arrière-pensées et sans pen­sées devant non plus.

Nous nous fer­ons tailler en pièces pour la con­ser­va­tion et le développe­ment de nos cel­lules d’urgence médico-psychiatrique.

Nous nous bat­trons sans fin parce que la fin est adv­enue depuis longtemps et que nous n’en gar­dons même pas la mémoire.

Nous nous bat­trons pour le plaisir d’avoir oublié jusqu’à notre pro­pre fin.

Nous nous bat­trons dans le sens du poil et dans le sens du vent.

Nous nous bat­trons pour la dis­pari­tion du lan­gage artic­ulé.

Nous nous bat­trons.

Et nous vain­crons. Bien évidem­ment. Parce que nous sommes les plus morts.

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