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Citationes

« La gloire n’est pas pour les Grecs quelque chose qu’on reçoive ou non par-dessus le marché ; elle est la manifestation de l’être le plus haut. Pour les hommes d’aujourd’hui la gloire n’est plus depuis longtemps que la célébrité, et par suite quelque chose de très douteux, un acquêt jeté et distribué ici et là par les journaux et la radio — presque le contraire de l’être. »

— Martin Heidegger, Introduction à la métaphysique [Einführung in die Metaphysik] (1935), trad. Gilbert Kahn, éd. Gallimard, coll. « Tel », 1998 (ISBN 9782070204199), p. 111


« C’est pour moi aujourd’hui une question décisive de savoir comment on peut faire correspondre en général un système politique à l’âge technique et quel système ce pourrait être. Je ne sais pas de réponse à cette question. Je ne suis pas persuadé que ce soit la démocratie. »

— Martin Heidegger, Réponses et questions sur l'histoire et la politique [Entretien avec Der Spiegel] (23 septembre 1966), trad. Jean Launay, éd. Mercure de France, 1988, p. 42


« La technique dans son être est quelque chose que l’homme de lui-même ne maîtrise pas. [...] la technique moderne n’est pas un “outil” et n’a plus rien à voir avec des outils. »

— Martin Heidegger, Réponses et questions sur l'histoire et la politique [Entretien avec Der Spiegel] (23 septembre 1966), trad. Jean Launay, éd. Mercure de France, 1988, p. 43-44


« Nous n’avons plus besoin de bombe atomique, le déracinement de l’homme est déjà là. Nous ne vivons plus que des conditions techniques. Ce n’est plus une terre sur laquelle l’homme vit aujourd’hui. »

— Martin Heidegger, Réponses et questions sur l'histoire et la politique [Entretien avec Der Spiegel] (23 septembre 1966), trad. Jean Launay, éd. Mercure de France, 1988, p. 45-46
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« D’après notre expérience et notre histoire humaines, pour autant que je sois au courant, je sais que toute chose essentielle et grande a pu seulement naître du fait que l’homme avait une patrie (Heimat) et qu’il était enraciné dans une tradition. La littérature d’aujourd’hui, par exemple, est largement destructive. »

— Martin Heidegger, Réponses et questions sur l'histoire et la politique [Entretien avec Der Spiegel] (23 septembre 1966), trad. Jean Launay, éd. Mercure de France, 1988, p. 47


« [...] la philosophie ne pourra pas produire d’effet immédiat qui change l’état présent du monde. Cela ne vaut pas seulement pour la philosophie, mais pour tout ce qui n’est que préoccupations et aspirations du côté de l’homme. Seulement un dieu peut encore nous sauver. Il nous reste pour seule possibilité de préparer dans la pensée et la poésie une disponibilité pour l’apparition du dieu ou pour l’absence du dieu dans notre déclin ; que nous déclinions à la face du dieu absent. »

— Martin Heidegger, Réponses et questions sur l'histoire et la politique [Entretien avec Der Spiegel] (23 septembre 1966), trad. Jean Launay, éd. Mercure de France, 1988, p. 48-49


« [...] le mode de pensée de la tradition métaphysique qui s’est achevée avec Nietzche n’offre plus de possibilité pour la pensée d’apprendre ce que sont les traits fondamentaux de l’âge technique qui ne fait que commencer. »

— Martin Heidegger, Réponses et questions sur l'histoire et la politique [Entretien avec Der Spiegel] (23 septembre 1966), trad. Jean Launay, éd. Mercure de France, 1988, p. 56


« Et qui parmi nous pourrait affirmer qu’un jour en Russie et en Chine ne s’éveilleront pas de très anciennes traditions d’une “pensée”, qui contribueront à rendre possible à l’homme une libre relation avec le monde technique ? »

— Martin Heidegger, Réponses et questions sur l'histoire et la politique [Entretien avec Der Spiegel] (23 septembre 1966), trad. Jean Launay, éd. Mercure de France, 1988, p. 62


« Je pense à la parenté particulière qui est à l’intérieur de la langue allemande avec la langue des Grecs et leur pensée. C’est une chose que les Français aujourd’hui me confirment sans cesse. Quand ils commencent à penser, ils parlent allemand : ils assurent qu’ils n’y arriveraient pas dans leur langue. [...] On ferait bien de prendre ce malaise au sérieux sur une vaste échelle et de réfléchir enfin à toutes les conséquences de la transformation qu’a subie la pensée grecque quand elle a été traduit dans le latin de Rome, un événement qui aujourd’hui encore nous interdit l’accès dont nous aurions besoin pour penser fidèlement les mots fondamentaux de la pensée grecque. »

— Martin Heidegger, Réponses et questions sur l'histoire et la politique [Entretien avec Der Spiegel] (23 septembre 1966), trad. Jean Launay, éd. Mercure de France, 1988, p. 66-68


« Pour nous qui vivons aujourd’hui, le grand de ce qui est à penser est trop grand. Nous pouvons peut-être nous mettre en peine d’un passage : bâtir des chemins étroits, n’allant pas loin. »

— Martin Heidegger, Réponses et questions sur l'histoire et la politique [Entretien avec Der Spiegel] (23 septembre 1966), trad. Jean Launay, éd. Mercure de France, 1988, p. 74-75


« Toutes choses sont tombées au même niveau, qui est semblable à la surface ternie d’un miroir qui n’est plus réfléchissant, qui ne renvoie plus rien. La dimension prédominante est devenue celle de l’extension et du nombre. [...] Tout cela s’est accentué ensuite, en Amérique et en Russie, jusqu’à atteindre l’ainsi-de-suite sans bornes de ce qui est toujours identique et indifférent, cela au point que ce quantitatif s’est transformé en une qualité spécifique. Désormais la prédominance d’un niveau moyen où tout est égal et indifférent n’est plus là-bas une chose sans importance et un simple vide désolant, elle signifie l’invasion de ce qui, par ses attaques, détruit, et fait passer pour un mensonge, tout ce qui a de la grandeur et toute mentalité engagée dans quelque chose comme un monde (das welthaft Geistige). C’est l’invasion de ce que nous appelons le démoniaque (au sens de la malveillance dévastatrice). La montée de cette démonie, coïncidant avec le désarroi et l’insécurité croissants de l’Europe en face de cette démonie et en elle-même, se manifeste de façons multiples. »

— Martin Heidegger, Introduction à la métaphysique [Einführung in die Metaphysik] (1935), trad. Gilbert Kahn, éd. Gallimard, coll. « Tel », 1998 (ISBN 9782070204199), p. 57


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