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Citations

« L’Algérie, bien qu’elle n’ait pas la même tradition nationale que les deux ex-protectorat [Tunisie et Maroc], ne peut pas ne pas prendre la conscience d’elle-même... Elle ne peut plus être partie intégrante de la France. La constitution d’une unité politique algérienne est inévitable... L’intégration, quelque sens que l’on donne à ce mot, n’est plus praticable. Une représentation algérienne à l’Assemblée nationale, proportionnelle à la population, est le moyen le plus sûr d’achever la ruine du régime. Le taux de croissance démographique est trop différent des deux côtés de la Méditerranée pour que ces deux peuples, de race et de religion différentes, puissent être fraction d’une même communauté. [...]

Les êtres humains sont égaux sous le regard de Dieu. Ils ne sont pas égaux en potentiel physique ou intellectuel. Réduire la natalité en Occident, ce n’est pas apporter une contribution à la lutte contre la surpopulation, c’est au contraire aggraver la crise. La baisse de la population en Europe et aux États-Unis ne libérerait pas la nourriture pour ceux qui ont faim, en Afrique ou en Asie du Sud. Elle réduirait le nombre des producteurs efficaces, elle risquerait de stériliser les peuples riches qui sont aussi les innovateurs, les pionniers de la science et de la technique, l’élite qui pour le moment, peut-être par accident, entraîne l’humanité entière et peut atténuer les souffrances des masses déshéritées. »

— Raymond Aron, Mémoires (1983), éd. Robert Laffont, 2010 (ISBN 9782221114025), La Tragédie Algérienne (6 mai 1957), p. 854


« L’égalitarisme doctrinaire s’efforce vainement de contraindre la nature, biologique et sociale, et il ne parvient pas à l’égalité mais à la tyrannie. »

— Raymond Aron, Essai sur les libertés (1965), éd. Hachette, coll. « Pluriel », 1976, postface (novembre 1976), p. 240


« Le communisme est la première religion d’intellectuels qui ait réussi. »

— Raymond Aron, L’Opium des intellectuels (1955), éd. Hachette, coll. « Pluriel », 2002 (ISBN 9782012790612), p. 287


Citations sur Raymond Aron

« Nous vivons sous la botte idéologique des aroniens et des sartriens. L’un occupe le versant de droite du consensus, l’autre le versant de gauche. Si le néo-kantisme en sa théorisation s’est très vite démodé (car il est l’idéologie de l’ascendance) en sa pratique, il conditionne les métiers d’encadrement : le management (pour la production) et l’animation (pour la consommation et sa sémiologie). Les disciples avoués ou sans le savoir de Sartre monopolisent la production culturelle. L’idéologie d’abord sélective de Saint-Germain-des-Prés est devenue culture de masse (cf. Le Frivole et le sérieux). »

Michel Clouscard, Les Dégâts de la pratique libérale libertaire (1987), éd. Delga, 2020 (ISBN 9782376071822), p. 102-103


« Le dernier Sartre n’est pas tellement éloigné du dernier R. Aron. Leur ultime rencontre n’a pas été que symbolique. À eux deux, ils auront constitué l’éclatante, prestigieuse, scintillante idéologie de la modernité. Celle de la société civile, le mode d’emploi de la société “post-industrielle” voulue par le néo-capitalisme. C’est l’idéologie du libéralisme social-démocrate, de la convergence des deux dynamiques, celle de la grande réconciliation, celle de l’actuel consensus de la société française.

La contradiction droite-gauche, celle de R. Aron et de J.-P. Sartre, une fois déployée se révèle en sa vérité : la dualité de complémentarité du libéralisme avancé et de la social-démocratie libertaire. »

Michel Clouscard, Critique du libéralisme libertaire (1986), éd. Delga, 2013 (ISBN 9782915854015), p. 261-262


« L’idéologie de mai 1968 a été aronienne (sans le savoir, sans vouloir le savoir). Avec un supplément d’âme, il est vrai libertaire. Les nouveaux philosophes ont repris ses thèmes pour les mettre au goût du jour. »

Michel Clouscard, Critique du libéralisme libertaire (1986), éd. Delga, 2013 (ISBN 9782915854015), p. 227


André Glucksmann, Jean-Paul Sartre et Raymond Aron