Citationes

« La question serait ainsi réglée, la réponse serait facile : car le plus malheureux serait celui qui ne peut pas mourir, heureux celui qui le peut ; heureux serait celui qui meurt dans sa vieillesse, plus heureux celui qui meurt dans sa jeunesse, plus heureux encore celui qui meurt au moment de sa naissance ; le plus heureux de tous serait celui qui ne voit jamais le jour. Mais il n'en est pas ainsi, la mort est le bonheur commun de tous les hommes, et, puisqu'on n'a pas trouvé le plus malheureux, il faut le rechercher à l'intérieur des limites ainsi tracées. »

— Søren Kierkegaard, Ou bien... Ou bien... (1843), trad. Ferdinand et Odette Prior et Marie-Henriette Guignot, éd. Gallimard, coll. « Tel », 1984 (ISBN 9782070701070), p. 172


« Les hommes sont vraiment absurdes. Ils n'usent jamais des libertés dont ils jouissent, mais ils réclament celles qu'ils n'ont pas ; ils ont la liberté de pensée, ils demandent la liberté de parole. »

  • Søren Kierkegaard, Œuvres complètes (1843), trad. Paul-Henri Tisseau, éd. Robert Laffont, coll. Bouquins, 1993 (ISBN 9782221073735), p. 28

« Est-il donc surprenant que le monde rétrograde, que le mal se répande de plus en plus, puisque l'ennui augmente et que l'ennui est la mère de tous les vices ? Dès la création du monde on trouve des exemples. Adam s'ennuyait parce qu'il était seul, c'est pourquoi Ève fut créee. À partir de ce moment, l'ennui s'installa dans le monde et crût exactement à l'échelle de l'accroissement de la population. Adam s'ennuya tout seul, ensuite Adam et Ève s'ennuyèrent ensemble, ensuite Adam et Ève et Caïn et Abel s'ennuyèrent en famille, ensuite la population du monde augmenta et les peuples s'ennuyèrent en masse. Afin de se distraire, ils eurent l'idée de construire une tour si élevée qu'elle s'élançait vers le ciel. Cette idée est aussi ennuyeuse que la tour était élevée, et elle constitue une preuve terrible de la primauté de l'ennui à ce moment là. Ensuite ils furent dispersés à travers le monde, comme on fait aujourd'hui un voyage à l'étranger, mais ils continuèrent à s'ennuyer. Et quelles conséquences n'a pas entraînées cet ennui ! L'homme d'abord haut placé avait déchu profondément, premièrement à cause d'Ève, ensuite en tombant du haut de la tour babélique. Et par ailleurs, qu'est-ce qui a retardé la chute de Rome ? Panis et circences. »

— Søren Kierkegaard, Ou bien... Ou bien... (1843), trad. Ferdinand et Odette Prior et Marie-Henriette Guignot, éd. Gallimard, coll. « Tel », 1984 (ISBN 9782070701070), p. 223-224


« Le feu prit un jour dans les coulisses d'un théâtre. Le bouffon vint en avertir le public. On crut à un mot plaisant et l'on applaudit ; il répéta, les applaudissements redoublèrent. C'est ainsi, je pense, que le monde périra dans l’allégresse générale des gens spirituels persuadés qu’il s’agit d’une plaisanterie. »

  • Søren Kierkegaard, Œuvres complètes (1843), trad. Paul-Henri Tisseau, éd. Robert Laffont, coll. Bouquins, 1993 (ISBN 9782221073735), p. 38

« Il est révoltant qu'un homme dirige sur des sentiers faux un voyageur ignorant le chemin à prendre et le laisse ensuite seul dans son erreur. Cependant, n'est-il pas plus révoltant encore d'amener quelqu'un à se fourvoyer en lui-même ? »

— Søren Kierkegaard, Ou bien... Ou bien... (1843), trad. Ferdinand et Odette Prior et Marie-Henriette Guignot, éd. Gallimard, coll. « Tel », 1984 (ISBN 9782070701070), p. 240


« "Vous aurez des gamins pour juges", dit l’un des vieux prophètes ; il l’annonce comme le châtiment le plus rigoureux de la désobéissance d’Israël. Cela correspond à notre époque — des gamins écrivent dans les journaux, etc. Ici s’applique aussi ce dont parle Socrate dans La République de Platon, qu’à la fin, les pères ont peur des enfants et, à cause de cette crainte, sont obligés de faire des blagues et de plaisanter — comme le veulent les enfants. »

« Le choix du désespoir est donc « moi-même » ; car il est bien vrai qu'en désespérant, je désespère de moi-même aussi bien que de toute autre chose ; mais le moi-même dont je désespère est un fini comme tout autre fini, le moi-même que je choisis est le moi-même absolu, ou le moi-même selon sa validité éternelle. Si c'est ainsi, tu comprendras encore une fois pourquoi je disais, dans ce qui précède, et pourquoi je continue à dire, que le « ou bien — ou bien » que je posais entre la vie esthétique et la vie éthique, n'est pas un dilemne complet, puisque au fond il n'est question que d'un choix. Par ce choix je ne choisis pas au fond entre le bien et le mal, mais je choisis le bien, — et en choisissant le bien, je choisis coipso le choix entre le bien et le mal. Le choix originel est toujours présent dans tout choix suivant. »

— Søren Kierkegaard, Ou bien... Ou bien... (1843), trad. Ferdinand et Odette Prior et Marie-Henriette Guignot, éd. Gallimard, coll. « Tel », 1984 (ISBN 9782070701070), p. 509


« Jamais doctrine humaine n’a rapproché en fait comme Dieu et l’homme comme le christianisme ; aucune non plus n’en était capable. Personnellement Dieu est seul à le pouvoir : toute invention des hommes est-elle plus qu’un rêve, qu’une illusion précaire ! Mais jamais doctrine ne s’est non plus gardée avec tant de soin contre le plus atroce des blasphèmes, celui, depuis que Dieu s’est fait homme, de profaner son acte, comme si Dieu et l’homme ne faisaient qu’un [...]. »

  • Søren Kierkegaard, Traité du désespoir (1849), trad. Knud Ferlov et Jean-Jacques Gateau, éd. Nouvelle Revue Française, 1932, p. 230

« [...] on peut se débrouiller chrétiennement à travers l'existence. »

— Søren Kierkegaard, Ou bien... Ou bien... (1843), trad. Ferdinand et Odette Prior et Marie-Henriette Guignot, éd. Gallimard, coll. « Tel », 1984 (ISBN 9782070701070), p. 294


« Un vieux philosophe a dit que si on note exactement ce qui vous arrive dans la vie, on devient, sans s’en douter, philosophe. »

— Søren Kierkegaard, Ou bien... Ou bien... (1843), trad. Ferdinand et Odette Prior et Marie-Henriette Guignot, éd. Gallimard, coll. « Tel », 1984 (ISBN 9782070701070), p. 323


« Que la vie est insignifiante et vide ! »

  • Søren Kierkegaard, Œuvres complètes (1843), trad. Paul-Henri Tisseau, éd. Robert Laffont, coll. Bouquins, 1993 (ISBN 9782221073735), p. 36

« Venez, sommeil et mort ; vous ne promettez rien, vous tenez tout. »

  • Søren Kierkegaard, Œuvres complètes (1843), trad. Paul-Henri Tisseau, éd. Robert Laffont, coll. Bouquins, 1993 (ISBN 9782221073735), p. 37

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