Citations

« Un régime révolutionnaire doit se débarrasser d’un certain nombre d’individus qui le menacent, et je ne vois pas d’autres moyens que la mort. On peut toujours sortir d’une prison. Les révolutionnaires de 1793 n’ont probablement pas assez tué. »

— Jean-Paul Sartre, Actuel, 28 février 1973


« Quand les paysans touchent des fusils, les vieux mythes pâlissent, les interdits sont un à un renversés : l’arme d’un combattant, c’est son humanité. Car, en ce premier temps de la révolte, il faut tuer : abattre un Européen, c’est faire d’une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé ; restent un homme mort et un homme libre ; le survivant, pour la première fois, sent un sol national sous la plante de ses pieds. »

— Jean-Paul Sartre, préface à Les Damnés de la Terre de Frantz Fanon, éd. Maspero, 1961


« Alors, c’est ça l’enfer. Je n’aurais jamais cru... Vous vous rappelez : le soufre, le bûcher, le gril... Ah ! quelle plaisanterie. Pas besoin de gril : l’enfer, c’est les Autres. »

— Jean-Paul Sartre, Huis clos (1944), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2001 (ISBN 9782070368075), p. 93


« En un mot, l’homme doit se créer sa propre essence ; c’est en se jetant dans le monde, en y souffrant, en y luttant qu’il se définit peu à peu ; et la définition demeure toujours ouverte ; on ne peut point dire ce qu’est cet homme avant sa mort, ni l’humanité avant qu’elle ait disparu. »

— Jean-Paul Sartre, « À propos de l’existentialisme - Mise au point », Action, nº 17, 29 décembre 1944

Citations sur Jean-Paul Sartre

« Nous vivons sous la botte idéologique des aroniens et des sartriens. L’un occupe le versant de droite du consensus, l’autre le versant de gauche. Si le néo-kantisme en sa théorisation s’est très vite démodé (car il est l’idéologie de l’ascendance) en sa pratique, il conditionne les métiers d’encadrement : le management (pour la production) et l’animation (pour la consommation et sa sémiologie). Les disciples avoués ou sans le savoir de Sartre monopolisent la production culturelle. L’idéologie d’abord sélective de Saint-Germain-des-Prés est devenue culture de masse (cf. Le Frivole et le sérieux). »

Michel Clouscard, Les Dégâts de la pratique libérale libertaire (1987), éd. Delga, 2020 (ISBN 9782376071822), p. 102-103


« Il n’y a plus de référence à une transcendance substantialisante et il ne doit pas y avoir de participation institutionnelle. Le néant est le prix de la liberté, libre pour rien. C’est la philosophie de Sartre, celle du libéralisme. »

Michel Clouscard, Critique du libéralisme libertaire (1986), éd. Delga, 2013 (ISBN 9782915854015), p. 365


« Sartre a réalisé le passage de la vieille bourgeoisie éclairée et libérale au libéralisme libertaire de ces nouvelles couches moyennes. »

Michel Clouscard, Critique du libéralisme libertaire (1986), éd. Delga, 2013 (ISBN 9782915854015), p. 335


« Le dernier Sartre n’est pas tellement éloigné du dernier R. Aron. Leur ultime rencontre n’a pas été que symbolique. À eux deux, ils auront constitué l’éclatante, prestigieuse, scintillante idéologie de la modernité. Celle de la société civile, le mode d’emploi de la société “post-industrielle” voulue par le néo-capitalisme. C’est l’idéologie du libéralisme social-démocrate, de la convergence des deux dynamiques, celle de la grande réconciliation, celle de l’actuel consensus de la société française.

La contradiction droite-gauche, celle de R. Aron et de J.-P. Sartre, une fois déployée se révèle en sa vérité : la dualité de complémentarité du libéralisme avancé et de la social-démocratie libertaire. »

Michel Clouscard, Critique du libéralisme libertaire (1986), éd. Delga, 2013 (ISBN 9782915854015), p. 261-262


André Glucksmann, Jean-Paul Sartre et Raymond Aron